La tyrannie maçonnique


  

par Edouard DRUMONT

Année : 1899

PRÉFACE

Je crois rendre service au pays en publiant
cette brochure sur la Franc-Maçonnerie.
Elle n’a pas la prétention d’être
complète ; ce n’est pas une brochure, ce
n’est pas un volume, c’est dix volumes
qu’il faudrait pour écrire l’histoire de la
Franc-Maçonnerie, ou plutôt pour dégager
la part qui revient dans l’histoire de ces
deux derniers siècles à cette association
véritablement extraordinaire.
Si la Franc-Maçonnerie touche, en effet,
par certains côtés aux derniers confins de
la niaiserie et de la bêtise, elle semble
aussi, si l’on en juge par l’influence politique
exercée, dirigée par des chefs invisibles
qui seraient d’une intelligence supérieure; peut-être même la supériorité de
leur intelligence consiste-t-elle simplement
dans la connaissance qu’ils ont de la bêtise
humaine.
Quoiqu’il en soit, cette fois encore, je
me suis proposé seulement de mettre
sous les yeux des lecteurs des éléments
d’appréciation en leur laissant le soin de
conclure, en leur fournissant uniquement
un thème de pensée.
Je souhaite môme que mes lecteurs
soient plus heureux que moi et comprennent
ce qu’il y a au fond de la Maçonnerie.
Quant à moi, j’avoue ne pas
pouvoir m’expliquer la conception intellectuelle
et morale à laquelle peut répondre
la Maçonnerie actuelle.
Dès que l’esprit s’arrête à cette organisation
maçonnique, on est comme frappé
de stupeur. Toutes les contradictions,
toutes les hypocrisies semblent réunies
pour faire de cette oeuvre l’institution la
plus bizarre, la plus incohérente, la plus
difficile à définir qu’il soit possible d’imaginer,
Voilà des hommes qui prétendent combattre
toutes les manifestations religieuses
qu’ils traitent de mômeries.

Et ces hommes émancipés ont recours
à un cérémonial enfantin qui rappelle les
peuples sauvages; ils ont tout un attirail
d’ustensiles, d’attributs, de cordons qui
ressemblent étrangement aux grigris et
aux amulettes des Botocudos et des Cafres
adorateurs de Manitous…
Voilà des hommes qui se prétendent
des chercheurs de lumière, qui dans leur
jargon baroque emploient incessamment
le mot de lumière, « l’initiation à la
lumière, le F.-, a reçu la lumière, la lumière
du 3e appartement. »
Et ces hommes s’enveloppent de l’obscurité
la plus profonde et du mystère le plus
impénétrable. Ils font « tuiler » afin de
s’assurer que la Loge est à couvert. Ils
ont des mots de passe et des mots de
ralliement qui doivent rester inconnus
de la foule.
Et ce sont ces cachottiers et ces ténébreux
qui accusent les autres d’obscurantisme !

Voilà des hommes qui posent pour
les champions de la liberté et de la tolérance
et qui préparent infatigablement
dans leurs Loges des mesures de persécution,
qui déclarent eux-mêmes, en s’en

vantant, que toutes les lois d’oppression
ou de spoliation ont été mises ,sous le
maillet avant d’être imposées au gouvernement.
Il y a là quelque chose qui confond mon
entendement.
Évidemment, et je crois que cette
brochure, après tant d’autres, ne laissera
pas de doute sur ce point — la Maçonnerie
est un instrument entre les mains
de quelques politiciens sans scrupules
qui se servent des naïfs pour arriver à
satisfaire leurs convoitises. Il est bien naturel
que ceux-là n’aient aucune honte à
prostituer les nobles mots de liberté et de
tolérance.
Cette explication, cependant, ne me
satisfait pas entièrement, je l’avoue, et ne
me donne pas le mot de l’énigme maçonnique.
En dehors des politiciens de profession,
il y a, parmi les vingt-cinq mille Francs-
Maçons, des hommes qui peuvent ne pas
être d’une intelligence très élevée mais
qui, recrutés pour la plupart dans la
classe moyenne, ont encore une certaine
culture, peuvent assembler deux idées
de suite.

Comment ces hommes ne sont-ils pas
saisis de l’illogisme, de l’absurdité, de
l’iniquité odieuse des actes qu’on leur fait
commettre ?
Comment ne se trouvent-ils pas ridicules
à leurs propres yeux en réclamant
pour eux le privilège d’être une société
secrète dans laquelle personne n’a rien à
voir et en refusant aux autres citoyens le
droit de s’associer comme ils l’entendent,
de se grouper selon leurs opinions et leurs
croyances ?
On comprend que des ouvriers, auxquels
le travail manuel laisse peu de loisirs
pour lire et pour méditer, se laissent entraîner
par quelques rhéteurs possédant
un certain bagout, que des êtres qui sont
des impulsifs ou des instinctifs ne s’aperçoivent
pas toujours des pièges que leur
tend la Juive rie.
Tel n’est pas absolument le cas des
Francs-Maçons. S’ils sont, pour la plupart,
de la race gobeuse et moutonnière que les
malins conduisent par le bout du nez, quelques-
uns, cependant, doivent être en état
de se rendre vaguement compte de ce
qu’ils font ou plutôt de ce qu’on leur fait
faire. Comment expliquez-vous que ceux-là

ne se lèvent pas pour dire à leurs camades:
« Ce que nous faisons est tout simplement
ignoble. Notre raison d’être, la
mission que nous nous sommes assignée,
a toujours été de protester contre toutes
les tyrannies, de revendiquer les droits de
l’homme, c’est-à-dire la liberté de croire
ou de ne pas croire, de penser à sa guise,
de faire élever ses enfants comme il vous
plaît. En refusant ces droits aux autres
et en pesant sur le gouvernement pour
faire adopter toutes les mesures de persécution
et d’ostracisme, nous sommes ou
des coquins ou des grotesques. »
Parmi ces vingt-cinq mille Maçons, il
en est certainement dix ou quinze mille
qui sont capables d’apprécier les ravages
exercés par les Juifs, qui ont plus ou
moins souffert des grandes escroqueries
financières de ce temps, qui ont vu leurs
parents ou leurs amis en souffrir. Pourquoi
ces hommes ont-ils laissé les Juifs
devenir les maîtres souverains dans les
Loges? Pourquoi se sont-ils abaissés volontairement
à n’être plus que les domestiques
des Juifs ?
Voilà les réflexions que je me suis faites

et que mes lecteurs se feront probablement
comme moi en parcourant cette brochure
dont le seul mérite est d’être un résumé
de la question maçonnique. Tous les faits
mentionnés, tous les discours cités sont
absolument exacts et, c’est un devoir pour
moi, que de remercier mon ami et excellent
collaborateur de Boisandré qui a eu
l’obligeance de recueillir dans les publications
maçonniques beaucoup de détails
inconnus du grand public sur le fonctionnement
de cette association singulière où
l’on conspire sans cesse contre la liberté
des autres.
Quant à moi, tout en m’associant à la
courageuse campagne entreprise par
Jules Lemaître et poursuivie par lui avec
tant d’énergie et de talent, je ne demande
pas qu’on supprime la Franc-Maçonnerie.
Je veux simplement, comme tous les
citoyens qui ont conscience de leurs droits,
que l’on fasse cesser cette anomalie monstrueuse,
cette inégalité déshonorante pour
ceux qui la subissent :
Une société secrète affirmant arrogamment.
sa puissance, constituant, en quelque
sorte, un corps dans l’Etat, donnant

ouvertement des ordres au gouvernement,
intervenant sans cesse dans les
affaires publiques, tandis que les autres
associations sont menacées ou interdites.
Tous les Français hors la loi, les Francs-
Maçons au-dessus des lois, tel est le spectacle,
extravagant et abominable à la fois,
auquel nous assistons depuis bientôt
trente ans. Il faut que ce spectacle cesse
et si tous les citoyens honnêtes savent
vouloir, il cessera…

 

suite…

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