GÉRARD FOUCHER « LES SECRETS DE LA MONNAIE »


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Petit +

LE SECRET DE LA MONNAIE – PDF

 

« Si les gens de cette nation comprenaient
notre système bancaire et monétaire, je
crois qu’il y aurait une révolution avant
demain matin. »
Henry Ford

 

« Je crois […] que les institutions bancaires sont
plus dangereuses qu’une armée debout. »
« Les banques […] ont la soupape de sécurité de
nos fortunes entre leurs mains et […] le pouvoir
de les condenser ou de les faire exploser à
volonté. »
Thomas Jefferson, 3e président des Etats-Unis

 

 

Pour protéger un secret,
il y a deux méthodes
● Assassiner sans pitié tout ceux qui sont au courant du secret et
qui pourraient parler.
Cette méthode a une efficacité indéniable comme en témoigne la
longévité de certaines associations du sud de l’Italie.
● Rendre le secret tellement compliqué qu’il est pénible et difficile
de s’y intéresser plus de cinq minutes d’affilée.
Cette méthode est quasiment imparable. C’est celle qui protège la
production de monnaie et l’organisation du système bancaire actuels,
dirigés par et pour les États.
● Ce petit document va tout de même tenter de
montrer que finalement, ce « secret » peut
aisément ne plus en être un … et pourquoi
nos gouvernements n’ont pas vraiment intérêt
à ce que tout le monde le comprenne …

 

Commençons par le début …
● De tous temps, les hommes ont voulu échanger des
marchandises, des services …
● Leur premier moyen d’échange fut tout simplement le troc,
mais c’était un peu compliqué … si une vache (vivante) valait 3
moutons (vivants), on pouvait difficilement couper la vache en 3
pour acheter un seul mouton
● Pour faciliter tout ça, il fallut inventer une nouvelle
« marchandise » … la pièce de monnaie !

 

La monnaie
● Mais pour qu’une monnaie fonctionne et puisse être utilisée
comme marchandise, il fallait qu’elle remplisse plusieurs
conditions :
Acceptée par un groupe de personnes faisant du commerce
Valeur absolue intrinsèque et durable, et relative rareté (d’où l’usage de
métaux précieux), car ce qui est rare reste cher (encadré ci-dessous)
Eventuellement – c’est mieux – la possibilité de la subdiviser (pour
éviter le problème de la vache coupée en 3 !)

Rappels d’économie et de bon sens :
– Un bien rare et recherché est cher
– Le prix d’un bien devenu courant diminue

 

Monnaie et richesse
● C’est bien joli tout ça, mais dans ma pièce de 1 €, il n’y a pas
d’or ni d’argent, elle vaut quoi ?
Les choses ont un peu évolué depuis les premières pièces en or … Les
pièces et les billets actuels sont en quelque sorte des attestations ou
titres. La banque qui les a émis certifie que celui qui les a en poche
possède ‘quelque chose qui a de la valeur’, car elle possède elle-même
des ‘choses de valeur’ (immobilier, actions …). Cette ‘chose qui a de la
valeur’ peut être évaluée en n’importe quelle autre marchandise : en kg
de pommes de terre, en balais-brosse, en pots de fleurs … c’est
simplement plus commode d’utiliser des pièces et des billets !

Note pour le lecteur rigoureux et/ou non débutant : dans tout ce qui suit, il est considéré que la croissance est nulle, afin de
mettre en évidence l’influence des variations de masse monétaire sur les prix.

 

Monnaie et richesse
● Une ‘chose qui a de la valeur’, mais qu’est-ce que ça veut
dire ?
C’est tout simplement une certaine ‘fraction de valeur’ qui permet
d’acheter un certain nombre de pommes de terres, de balais-brosse ou
de pots de fleurs. Plus j’ai de monnaie, plus j’ai de fractions de valeur, et
plus je peux les échanger contre les marchandises dont j’ai besoin pour
manger, faire le ménage ou planter des fleurs !

 

Monnaie et richesse
● D’accord ! Donc plus j’ai d’euros dans mon portefeuille, plus je
peux acheter de choses et plus je suis riche !
Eh bien pas forcément … si tous les européens se réveillaient un beau
matin avec deux fois plus d’euros, personne ne serait plus riche que la
veille ! Car la quantité de marchandises n’aura pas changé tandis que
celle de monnaie aura doublé ! Simplement, la monnaie divisera la
‘valeur totale’ en deux fois plus de petits morceaux ou fractions, et
mécaniquement, les prix affichés en euros auront doublé !

 

Monnaie et richesse
● Mais alors, la monnaie ne vaut pas toujours pareil ?
Eh non ! Comme toute marchandise, plus la monnaie est rare, plus elle
vaut cher, et plus on peut acheter de choses avec une pièce !
● Donc si j’ai bien tout compris, si on fabrique plein d’euros, ça
diminue la quantité de patates qu’on peut acheter avec 10 € ?
Exactement, car fabriquer des pièces ou imprimer des billets ne crée pas
de patates ! Par contre, celui qui les fabrique se retrouve avec plus de
fractions de valeur qu’avant ! Il a donc pris des fractions de valeur à celui
qui ne peut pas fabriquer de monnaie !

 

Petit exemple
● Oulah, ça devient compliqué cette histoire …
Tiens, voici un petit exemple pour comprendre :
Supposons qu’il y ait seulement 100 euros en circulation, qui valent,
disons, 10 pots de fleurs à 10 € chacun. Tu as 50 €, et moi 50. On peut
donc acheter chacun 5 pots.

 

Petit exemple
Imaginons que j’aie accès à une imprimante à billets, et que j’imprime 5
billets de 5 €, j’ai donc maintenant 75 € et il y a 125 € en circulation …
mais toujours 10 pots de fleurs … qui vont valoir maintenant 125 € au
lieu de 100 ! Chaque pot de fleur vaut alors 12.50 € !
Je peux donc maintenant acheter 6 pots de fleurs, et toi seulement 4 …
● Eeeehhh ! Stop, ça va pas la tête, c’est du vol, ça !!
Ah non non non, ça ne s’appelle pas « vol », ça porte un nom scientifique
spécial : « l’inflation ».

 

L’inflation
● Quoi ? C’est ça l’inflation dont on entend parler tous les jours ?
Pas tout à fait, la radio annonce seulement la hausse des prix, qui est
seulement une conséquence de l’inflation. Ce sont les banques
(encadrées par des banques centrales) qui fabriquent de l’argent, diluent
la monnaie, appauvrissent ceux qui en ont déjà et augmentent le prix en
euros des produits de consommation ! Ce dont la radio ne parle
absolument pas, c’est la véritable inflation, c’est à dire l’augmentation de
la quantité de monnaie en circulation, créée par les banques centrales …

 

L’inflation
● Les banques centrales ? … Mais pourquoi font-elles ça ? Quel
est l’intérêt pour elles de fabriquer de l’inflation ?
Eh bien tout simplement en vertu de 2 principes simples. D’abord, nos
dirigeants pensent que si les prix baissent, plus personne n’achètera
quoi que ce soit et préférera attendre (c’est bien connu, si j’ai faim et que
je vois que le prix du sandwich baisse, je vais attendre une semaine).
Ensuite, ils croient aussi que si les prix baissent, les bénéfices des
entreprises ne peuvent pas augmenter (alors que leurs coûts vont
baisser aussi) … Il y a aussi un autre intérêt : la dette publique. En effet,
l’inflation permet de diminuer la valeur réelle d’une dette (si elle valait 5
pots de fleurs, elle en vaut après coup seulement 4 car son montant n’a
pas changé !). Du coup, nos dirigeants ne se privent pas et utilisent leur
influence sur les banques centrales pour lever cet impôt masqué …
● Ca alors … et du coup, ces histoires de pouvoir d’achat …
… ça vient de là ! Tu as tout compris ! De même, les dirigeants qui
prétendent vouloir « juguler » l’inflation (enfin, ils veulent parler de la
hausse des prix) ne sont que des petits rigolos !

 

Les banques

● Et cette monnaie, comment est-elle fabriquée ?
En imprimant des billets ?
Non. Une banque centrale ne peut pas imprimer des
billets « gratuitement » comme elle veut. En fait,
lorsqu’un particulier ou une entreprise emprunte de
l’argent à une banque commerciale, la monnaie
correspondant à cet emprunt est « créée » en échange
d’une reconnaissance de dette, qui vaut un peu plus
pour la banque que l’argent prêté (intérêts …).

● Mais … elle sort d’où, cette monnaie ?? Elle ne vaut rien !
La monnaie est « fabriquée » par la banque commerciale, mais sa valeur
est garantie par la banque centrale. Une banque est autorisée à créer de
la monnaie en fonction de ce qu’elle possède en fonds propres, l’argent
qu’elle a dans ses coffres (une dizaine de fois plus dans le système
actuel). Cela permet d’augmenter la quantité de monnaie en circulation et
les bénéfices de la banque, moyennant un certain risque … Risque que
les banques centrales et les Etats garantissent quelles que soient les
erreurs de gestion commises ou presque, ce qu’il s’est passé fin 2008 !

 

Les banques
● Ah ben d’accord, elles gagnent à tous les coups alors ! … et
sinon, la monnaie créée, elle n’est jamais détruite ?
Si, en même temps que l’emprunt est remboursé – dans la plupart des
cas – ou d’un défaut de paiement de celui-ci (saisie des garanties) …
Comme pour la création, quelques lignes imprimées sur un relevé de
compte « suffisent » pour détruire la monnaie …
● Hum, mais alors rien n’est jamais créé, si tout est détruit …
Eh bien si, car les taux que fixent les banques centrales peuvent inciter
les banques à prêter plus qu’elles ne sont remboursées. C’est à dire à
créer plus de monnaie qu’elles n’en détruisent.

 

Les banques centrales
● Ah, c’est ça, le fameux « taux directeur » ?
En effet, les banques centrales (pour l’Euro, la BCE) ont deux superpouvoirs.
D’une part, ce sont les seules à pouvoir fabriquer de la
monnaie pour la prêter aux banques : c’est pour ça qu’on parle de
« prêteur en dernier ressort ». Mais en plus, elles fixent son taux d’intérêt,
c’est à dire le « prix » auquel elles la prêtent aux banques « normales ».

● Euh … en gros ça veut dire que ma
banque peut emprunter les euros
fabriqués par la BCE ?
Oui, et plus le taux directeur est bas, plus
les gens sont encouragés à emprunter et
plus les banques commerciales créent de
la monnaie … En somme, plus le taux est
bas, plus on doit s’attendre à une inflation
forte car plus il y a de monnaie mise en
circulation …

 

Les banques centrales
● Et comment est-il décidé, ce taux ? Une boule de cristal ?
Presque. Mais une boule de cristal assez perfectionnée. L’objectif de la
banque centrale est de maintenir une faible augmentation des prix. Elle
fixe donc le taux directeur principalement en fonction d’un indice des prix.
Mais le calcul de cet indice des prix suit une méthode qui n’est pas
infaillible et peut ne pas prendre en compte la totalité des paramètres (par
exemple le prix de l’immobilier). Malheureusement, dans certains cas,
cela peut avoir des conséquences fâcheuses sur l’activité économique …
● Qu’est-ce que ça veut dire, cette insinuation, la
crise actuelle, c’est de leur faute ?
Non, mais la Fed américaine, en ayant maintenu des
taux très bas à cause d’une mauvaise prise en compte
du prix de l’immobilier, a une part de responsabilité
dans l’alimentation de la bulle qui a éclaté. Cela dit,
elle n’a pas à elle seule créé la crise des subprimes
(voir ici). Le problème est que l’erreur d’une banque
centrale peut être lourde de conséquence, car ses
décisions sont irrévocables et non contestables.

 

Les banques centrales
● Irrévocables et non contestables … je n’aime pas beaucoup
ça … on n’est pas en démocratie ?
Si, mais pas du point de vue de la monnaie … Une banque centrale est
une super-banque, un énorme monopole. En définitive, elle a la
possibilité de modifier comme bon lui semble la valeur de ce qu’il y a
dans nos portefeuilles, et cela sans véritable contrôle de notre part …
● Mais, c’est tout le système qu’il faudrait
changer, alors ?
Oui et non, il suffirait de pas grand-chose. Par
exemple, on peut imaginer des monnaies libres
pouvant être créées par n’importe quelle banque et
dont le cours serait régulé automatiquement comme
tout autre produit. Autre solution : indexer la monnaie
à quelque chose de valeur fixe ou à peu près fixe,
comme une certaine quantité d’or ! Ainsi, personne
ne pourrait jouer avec pour changer sa valeur !

 

Les banques centrales

● Oui, évidemment, ce serait plus logique … mais pourquoi n’est-ce
pas le cas ?

Ces deux systèmes ont plutôt bien fonctionné
pendant des années, au XIXe siècle pour la
monnaie libre, et jusqu’en 1971 pour le dollar
valant 1/35 once d’or. Mais les gouvernements
savaient qu’en ayant les coudées franches
pour tripatouiller la monnaie, ils auraient un
pouvoir encore plus important. Ils
s’accaparèrent alors directement ou
indirectement (pour la Fed américaine) toute la
gestion de la monnaie, afin de maîtriser toutes
les manettes de l’économie. Du coup, à l’heure
actuelle, aucune monnaie n’est libre ni reliée à
quoi que ce soit.

Allez, petite séance de travaux pratiques avec la crise des ‘subprimes’ …

 

Travaux pratiques : l’inflation
appliquée à la crise actuelle
● Les problèmes engendrés par la crise :
Des (grosses) banques, garanties par l’Etat, affichent des pertes
(énormes !)
Les Etats doivent s’endetter à outrance dans des gigantesques plans de
sauvetage et de relance (inutiles, mais c’est une autre histoire, voir ici)
Difficile d’augmenter les impôts qui sont déjà assez hauts comme ça …

 

Travaux pratiques : l’inflation
appliquée à la crise actuelle

● Solution miracle : l’inflation !
Les banques font appel aux banques centrales qui leur prêtent de la
monnaie qu’elles créent (contre des actifs, titres …)
Les états s’endettent encore auprès de ces mêmes banques centrales
qui leur achètent des obligations avec la monnaie qu’elles créent … la
Fed américaine l’a fait, la BCE n’a en théorie pas le droit, mais certains
évoquent l’usage de cette méthode à titre ‘exceptionnel’ (voir ici) …
L’inflation générée provoque alors la fonte
des économies des contribuables (et la
diminution de leurs salaires si ceux-ci sont
fixes) qui ne s’aperçoivent de rien puisque
leur compte en banque n’est pas débité !
Toujours l’exemple des pots de fleurs !
En plus, cette inflation diminue au final la
valeur réelle (valeur en marchandises) de la
dette, ce qui arrange bien les
gouvernements laxistes (suivez mon regard)

 

Travaux pratiques : l’inflation
appliquée à la crise actuelle
● Oui, mais c’est la baisse des prix qui se profile …
Tout simplement à cause de la destruction monétaire (prêts remboursés)
supérieure à la création. En effet, les banques préfèrent garder l’argent
prêté par la banque centrale sur leurs comptes plutôt que d’accorder des
prêts, ce qui n’augmente pas la quantité de monnaie en circulation … De
plus, l’inflation met toujours un peu de temps à ‘contaminer’ l’économie.
Résultat, les banques centrales se disent
que ça ne suffit pas et baissent encore leurs
taux pour injecter toujours plus de monnaie.
Par conséquent, une fois que la destruction
monétaire aura cessé, l’inflation fera sentir
ses effets de plus belle (monnaie accumulée
par les banques et « libérée »). Le « vol
organisé » reprendra alors de plus belle afin
de rembourser les dettes laissées par les
plans de relance (bientôt 1500 milliards
d’euros pour la France).

 

Conclusions
● La monnaie est actuellement gérée par les Etats pour les
Etats, à l’insu de leurs citoyens et pire, à leur détriment !
● Ils permettent aux banques centrales, considérées comme
des établissements tout à fait respectables :
de violer le droit de propriété en modifiant la valeur
de nos pièces de monnaie
de violer la liberté en nous empêchant de choisir la
monnaie que nous souhaitons utiliser pour l’échange de
produits et services
de violer l’égalité en accordant à quelques entités
privées le droit exclusif de créer de la monnaie (par
contre, essayez donc d’accorder des prêts avec des
billets de 10 € imprimés dans votre garage …)
… ou encore de passer outre le contrôle du
parlement élu en ce qui concerne la dépense publique

 

Conclusions

● Avec une monnaie saine non diluée par les Etats, plus de
manipulation frauduleuse, les prix s’équilibrent et ont plutôt
tendance à baisser grâce à la hausse de productivité et de
richesse globale … leur hausse est de toutes façons limitée par
la baisse de demande, car quelque chose qui est vendu trop
cher … ne se vend plus !

● Avec une monnaie saine, par
exemple indexée sur un produit de
référence (or, argent …), ou libre (non
soumise au monopole des banques
centrales), LA CRISE ACTUELLE
N’AURAIT PAS EU LIEU, ou aurait
été très rapidement jugulée.

 

Conclusions
Combien de temps nos gouvernements vont-ils persister à garder
ce système de banques centrales qui passent finalement leur
temps à nous voler nos économies par le biais de cet impôt
déguisé appelé « inflation » … alors qu’ils prétendent à longueur de
journée et d’antenne tout faire pour la limiter ?

 

En savoir plus ?
● Si ce document a éveillé votre curiosité …
Les Banques et la Monnaie de Daniel Tourre (vulgarisation, mais
beaucoup plus complète que ce document)
« Maudit argent », de F. Bastiat (pamphlet sur la valeur de l’argent)
La crise et l’économie de la banque libre, interview de Georges Selgin
● Et aussi des livres, si vous êtes courageux :
Etat, qu’as-tu fait de notre monnaie ? de Murray Rothbard
L’Action Humaine de Ludwig von Mises
The case against the Fed de Murray Rothbard
Money, Bank Credit and Economic Cycles de Jesus Huerta de Soto
… et bien d’autres …