SUBVERSION IDEOLOGIQUE


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Auteur : Bezmenov Yuri Alexandrovich (Schuman Tomas David)
Ouvrage : Subversion idéologique – Manipulation de l’opinion – Guerre psychologique
Année : 1985

Yuri Alexandrovitch Bezmenoz (Tomas
Schuman). Né en 1939 dans la banlieue de
Moscou. Il est le fils d’un officier de haut rang de
l’armée soviétique. Il est issu des écoles de l’élite
du système soviétique, il est devenu un expert de
la culture et des langues de l’Inde. Il a fait une
carrière exceptionnelle au sein de Novosti, qui
était, et est encore, l’agence de presse du régime
soviétique, agence qui servait également de
paravent pour le KGB. Il est passé à l’Ouest en
1970 après avoir été totalement dégouté du
système soviétique, et il l’a fait au péril de sa vie.
C’est certainement l’un des plus grands experts
mondiaux, en matière de propagande soviétique,
de désinformation et de manipulation.

 

Le danger de l’« Etat providence », du système « Big Brother »

« Toutes vos libertés disparaîtront. Elles seront carbonisées
en quelques secondes, et vos précieuses vies avec ».

INTERVIEW DE 1985 – SOUS-TITRES FRANÇAIS – YURI BEZMENOV, EX-AGENT DU KGB PASSE A L’OUEST DANS LES
ANNEES 1970 RACONTE LES TECHNIQUES DE DÉSTABILISATION ET DE MANIPULATION DE L’OPINION.
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La subversion idéologique, c’est un processus qui n’a rien d’illégal ou de
caché. C’est une action menée au grand jour. Il suffit de s’en rendre compte, de se
déboucher les oreilles, d’ouvrir les yeux, et cela devient évident. Il n’y aucun
mystère. Cela n’a rien à voir avec l’espionnage. Je sais que travailler dans le
renseignement, cela fait plus romantique, c’est plus vendeur auprès du public.
C’est sûrement pour ça que les producteurs d’Hollywood aiment tant les films du
genre James Bond.
Mais en réalité, l’action principale du KGB n’est pas du tout de faire du
renseignement. Selon moi, et selon l’avis de beaucoup de transfuges qui ont le
même profil que moi, seuls 15% du temps, de l’argent et des effectifs sont
consacrés à l’espionnage en tant que tel. Les 85% restants sont consacrés à un à
processus très lent, que l’on appelle soit « subversion idéologique » ou
manipulation de l’opinion, – « xxxxxxxxxx» dans le langage du KGB – ou « guerre
psychologique ». Cela signifie essentiellement : changer la perception de la
réalité de tous les américains, au point que malgré la profusion d’information,
plus personne n’est plus capable de tenir un raisonnement correct afin de
défendre ses propres intérêts, ceux de sa famille, de sa communauté, ou de son
pays.
C’est un processus de lavage de cerveau généralisé, qui va très lentement, et qui
comprend quatre phases.
La première phase est celle de la « démoralisation ». Cela prend entre 15 et
20 ans pour « démoraliser » un pays. Pourquoi tant d’années ? Parce que c’est le
nombre d’années minimum requis pour éduquer une génération d’étudiants du
pays visé, pour l’exposer à l’idéologie adverse. En d’autres termes, l’idéologie
marxiste-léniniste est actuellement injectée dans les esprits malléables d’au moins
trois générations de jeunes américains, sans rencontrer de résistance, sans être
contrebalancée par les valeurs de base de l’Amérique ou par un patriotisme
américain.
L’essentiel de l’activité du département était de compiler d’énormes quantités
d’informations sur des personnes qui étaient ensuite instrumentalisées pour
influencer l’opinion publique. Editeurs, écrivains, journalistes, acteurs, éducateurs,
professeurs de sciences politiques, députés, hommes d’affaires …
La plupart de ces gens étaient divisées en deux groupes :

        · Ceux qui soutenaient la politique du régime soviétique étaient promus à
des postes de pouvoir grâce à la manipulation de l’opinion et des médias.
· Ceux qui refusaient l’influence du communisme dans leur pays, leur
réputation étaient ruinée ou ils étaient exécutés. Physiquement. Révolution
oblige.
Ainsi, dans une petite ville du Sud-Vietnam, plusieurs milliers de Vietnamiens ont
été exécutés en une seule nuit, après que la ville ait été prise par les Viêt-Cong, au
bout de seulement deux jours. Et la C.I.A n’a jamais compris comment les
communistes avaient pu aller si vite, pour repérer chacun d’entre eux, connaître
leurs domiciles, là où les trouver, les arrêter, tout cela en une seule nuit, en à
peine quelques heures, avant le lever du jour, et les embarquer dans des camions,
les conduire hors de la ville et les exécuter.
La réponse est très simple : bien avant que les communistes occupent la ville, il
existait un réseau complet d’informateurs, des vietnamiens habitant la région, qui
savaient absolument tout des personnes en mesure d’influencer l’opinion
publique, jusqu’aux simples barbiers ou aux chauffeurs de taxi. Tous ceux qui
étaient favorables aux Etats-Unis ont été exécutés.
Même chose à Hanoï [Vietnam], pilotée par l’ambassade soviétique. Et je faisais la
même chose à New-Dehli.
A ma grande horreur, j’ai découvert, dans les dossiers des personnes qui allaient
être exécutées, le nom de journalistes pro-soviétiques qui étaient mes amis
personnels.
– Pro-soviétiques !?
Oui, absolument !
Ils défendaient un idéal communiste, ils avaient fait plusieurs voyages en URSS, et
pourtant le KGB avait décidé que, révolution oblige, pour mener à bien les
changements politiques drastiques de l’Inde, qu’il fallait les éliminer.
– Pourquoi cela ?
Parce qu’ils en savaient trop. Simplement parce que les idiots utiles, les gens de
gauche qui sont idéalistes, qui croient en la beauté du système soviétique,
communiste, socialiste … quand ils ouvrent les yeux sur la réalité, ils deviennent les pires ennemis du système. C’est pourquoi mes instructeurs, au KGB, insistaient
tout particulièrement sur ce point : « Ne vous préoccupez jamais des gauchistes. »
« Oubliez ces prostitués politiques. Visez plus haut. » Telles étaient mes
instructions.
Essayez de pénétrer les médias conservateurs bien établis, essayez d’atteindre les
producteurs de films riches à millions, les intellectuels, les milieux soi-disant
académiques, entrez en contact avec les cyniques, les égocentriques qui peuvent
vous mentir d’un air angélique en vous regardant droit dans les yeux.
Voilà les gens qu’il fallait recruter : ceux qui n’avaient plus aucuns principes
moraux, les gens avides de pouvoir, ceux qui se prennent pour quelqu’un, ou qui
se croient très importants.
Voilà les profils que le KGB cherchait à « recruter ».
– Mais pour éliminer les autres, ne sont-ils pas utiles ?
Non, ils ne sont utiles que dans la phase de déstabilisation du pays.
Par exemple, tous les gens de gauche ici, tous ces professeurs et ces magnifiques
défenseurs des droits à l’égalité, sont instrumentalisés dans ce processus de
subversion, et ce uniquement pour déstabiliser le pays.
Quand cette étape sera achevée, ils ne seront plus nécessaires. Ils en savent trop.
Quand leurs illusions tomberont, une fois un pouvoir marxiste en place, ils seront
bien évidemment scandalisés, car ils s’imaginent que ce sont eux qui vont prendre
le pouvoir.
Cela n’arrivera jamais bien sûr. Ils seront alignés contre un mur et exécutés. Ils
seraient les adversaires les plus acharnés d’un régime marxiste-léniniste.
Ce qui s’est passé au Nicaragua, vous vous souvenez quand la plupart des
anciens communistes ont été jetés en prison, ou quand l’un d’entre eux a
changé de camp pour s’opposer aux sandinistes.
C’est aussi arrivé à Grenade, quand Maurice Bishop, du parti marxiste, a été
exécuté par un autre, « plus marxiste » que lui.

Même chose en Afghanistan quand Taraki a été assassiné par Amin, lui-même
assassiné par Karmal avec l’aide du KGB.
Même chose au Bangladesh, avec Mujibur Rahman, un leader de gauche très
pro-soviétique, assassiné par ses propres amis communistes de l’armée.
Le mécanisme se répète chaque fois à l’identique.
Une fois qu’ils ont servi, les idiots utiles sont soit exécutés jusqu’au dernier – je
parle des idéalistes marxistes – ou exilés, ou jetés en prison, comme à Cuba ou
beaucoup d’anciens marxistes sont en prison.
Fondamentalement, l’Amérique est coincée par cette « démoralisation ».
Si vous commenciez maintenant, à la minute même, à former une nouvelle
génération d’américains, cela prendra quand même de 15 à 20 ans pour inverser
la tendance, pour inverser cette perception idéologique de la réalité, et revenir à
la normale et aux idées patriotiques.
Le résultat ? Vous pouvez observer le résultat. La plupart de ceux qui ont fait leurs
études dans les années 60, de ceux qui ont quitté l’école et la plupart des pseudo-intellectuels,
occupent à l’heure actuelle des postes de pouvoir au gouvernement,
dans l’administration, dans les affaires, les médias, ou dans le système éducatif.
Vous êtes coincés avec eux. Vous ne pouvez plus vous en débarrasser. Ils sont
contaminés. Ils sont programmés pour penser et réagir à certains stimuli d’une
façon déterminée. Vous ne pouvez pas changer leur façon de voir, même si vous
leur présentez des informations véridiques.
Même si vous leur démontrez que blanc c’est blanc, et noir c’est noir, vous ne
pouvez pas modifier leur perception de base et leur logique de comportement.
En d’autres termes, chez ces gens, le processus de « démoralisation » est total et
irréversible. Pour débarrasser la société de ces personnes, il faut de nouveau
attendre 15 à 20 ans, pour éduquer une nouvelle génération d’étudiants, leur
inculquer des idéaux patriotiques et en faire des gens de bon sens, qui agissent
dans l’intérêt de la société américaine.
– Et ces personnes qui ont été « programmées » et qui sont en place,
favorables aux idéaux communistes, ce sont ces mêmes personnes qui
seraient voués à être massacrées dans un tel système.

La plupart d’entre eux, oui. Simplement parce que, avec le choc psychologique
qu’ils éprouveraient en découvrant ce qu’est VRAIMENT leur magnifique société
« d’égalité et de justice », se révolteraient, c’est bien évident. Ils seraient
extrêmement mécontents, frustrés. Et un régime marxiste-léniniste ne peut
tolérer ce genre de personnes, ils rejoindraient à coup sûr le camp des dissidents
et des opposants.
Et à la différence des Etats-Unis actuels, il n’y a pas de place pour les dissidents
dans un régime marxiste-léniniste.
Ici, vous pouvez devenir très célèbre, comme Daniel Ellsberg, ou démesurément
riche comme Jane Fonda, en répandant des opinions « dissidentes » ou en
critiquant la politique du Pentagone.
Dans un système marxiste, ces gens seraient simplement « pfft », écrasés comme
des cafards. Ils n’obtiendraient rien en retour de leurs belles et nobles idées
d’égalité.
Ça, ils ne le comprennent pas. Ce serait un choc terrible pour eux.
Aux Etats-Unis, le processus de démoralisation est en fait terminé. Et cela depuis
25 ans. Il dépasse même toutes les espérances : la démoralisation atteint
désormais une telle ampleur que même Andropov et tous ses experts n’auraient
jamais rêvé d’un tel succès.
Pour la plupart, elle est maintenant effectuée par les américains eux-mêmes sur
d’autres américains, grâce à la disparition des repères moraux.
Comme je l’ai dit auparavant, dire la vérité [sur les régimes marxiste] n’a plus
aucune importance.
Une personne « démoralisée » n’est plus en mesure de prendre en compte la
réalité des faits. Les faits, le réel, cela ne l’atteint plus.
Même si je la bombardais d’informations, de preuves authentiques, de
documents, de photos, même si je l’emmenai de force en URSS pour lui montrer
les camps de concentration, elle refuserait de le croire, jusqu’à ce qu’elle reçoive
un bon coup de pied au derrière.
C’est seulement quand la botte militaire s’abattra, qu’alors elle comprendra. Mais
pas avant. C’est ça le tragique de la démoralisation.

L’étape suivante est la déstabilisation.
Dans ce cas, les révolutionnaires ne se soucient plus de vos idées où de votre
façon de vivre. Tout ça ne compte plus.
Cela prend seulement 2 à 5 ans pour déstabiliser un pays, et ce qui compte, ce
sont les fondamentaux : économie, relations étrangères, défense. Et l’on peut voir
clairement que, dans certains domaines, dans les domaines aussi sensibles que la
défense ou l’économie, l’influence des idées marxistes-léninistes est absolument
prodigieuse.
Je n’en croyais pas mes yeux, il y a 14 ans, quand je suis arrivé ici, je ne pensais pas
que le processus irait aussi vite.
L’étape suivante est l’insurrection. Cela prend environ 6 semaines pour amener
un pays au bord de la crise, comme vous pouvez le voir en Amérique Centrale
actuellement. (1985)
Après la crise, à la suite des violents changements de régime, de structure et
d’économie, arrive ce qu’on appelle la phase de normalisation, qui peut durer
indéfiniment.
La normalisation est une expression d’un grand cynisme, issue de la
propagande soviétique. Quand les chars ont envahi la Tchécoslovaquie en 1968,
Brejnev a déclaré : « Maintenant la situation en Tchécoslovaquie est normalisée ».
Et c’est ce qui arrivera aux Etats-Unis si vous laissez tous ces abrutis amener le
pays à la crise, si vous les laissez promettre aux gens monts-et-merveilles et le
« paradis sur Terre », si vous les laissez déstabiliser votre économie, éliminer
l’économie de libre-échange, et mettre un gouvernement « Big-Brother » à
Washington, avec des dictateurs bienveillants du genre Walter Mondale qui vous
promettront tout ce que vous voulez, peu importe que ces promesses soient
tenues ou non.
Il ira ensuite à Moscou baiser les pieds de la nouvelle génération de criminels
communistes.
Il donnera l’illusion d’avoir les choses bien en main et qu’il contrôle la situation.
Mais la situation n’est pas sous contrôle. Elle est même épouvantablement hors
de tout contrôle.

La plupart des politiciens américains, la plupart des médias et le système éducatif
forment une génération de gens qui croient vivre une période de paix.
C’est faux ! Les Etats-Unis sont en guerre. Une guerre non déclarée et totale,
contre les principes et les fondements même de ce système. Et l’initiateur de cette
guerre, ce n’est pas Andropov, bien sûr, c’est une guerre contre le système
communiste mondial, aussi ridicule que cela paraisse – ou contre la conspiration
communiste mondiale, que cela fasse peur aux gens, je m’en fiche. Et si vous
n’avez pas peur maintenant, rien ne vous fera peur…
Il ne faut pas devenir paranoïaque à ce sujet.
A vrai dire, ce qui se passe actuellement, c’est que contrairement à moi, vous avez
encore plusieurs années à vivre – à moins que l’Amérique ne se réveille – avec
cette bombe à retardement. Et le désastre approche chaque seconde un peu plus.
Et contrairement à moi, vous n’aurez nulle part où vous réfugier, à moins d’aller
en Antarctique avec les pingouins.
Ici, c’est le dernier pays de libertés, où tout reste possible.
– Et que faire alors ? Que recommandez-vous aux Américains ?
La première chose qui me vient à l’esprit, c’est qu’il faut un effort national de
grande ampleur pour éduquer les gens dans le sens des valeurs patriotiques, et
ensuite, expliquer le réel danger du système socialiste, communiste, quel que soit
son nom.

Le danger de l’ « Etat providence », du système « Big-Brother ».
Si les gens ne réussissent pas saisir l’imminence de ce danger et de cette
évolution, rien n’aidera les Etats-Unis. Vous pouvez dire au revoir à vos libertés, à
la liberté des homosexuels, aux droits des détenus etc …
Toutes vos libertés disparaîtront, elles seront carbonisées en quelques secondes,
et vos précieuses vies avec.
Deuxièmement, au moins une partie de la population est convaincue que le
danger est réel. Ils doivent FORCER le gouvernement – et je ne parle pas
d’envoyer des lettres, des pétitions ou d’autres nobles et belles activités de ce
genre – Je parle bien de forcer le gouvernement à arrêter d’aider le communisme.

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