Les Lignes d’or


Auteur : Tristan Sylvain
Ouvrage : Les Lignes d’or. Pourquoi toutes les capitales des premières grandes civilisations furent érigées sur ces axes L’origine commune des grandes civilisations et le cercle à 366 degrés
Année : 2004

A mon collègue et ami Alan Butler,
sans qui cette fantastique épopée
dans le passé, la science et l’extraordinaire
n’aurait jamais été possible

Préface d’Alan Butler
A mon avis, s’il est un problème dans le monde actuel,
c’est bien l’hyperspécialisation. Bien sûr, si vous êtes
chirurgien du cerveau ou même ingénieur dans un secteur
bien particulier, il vous est nécessaire de savoir tout sur votre
sujet et ses applications techniques. Mais un si haut degré de
spécialisation peut s’avérer un véritable handicap pour
l’historien, en particulier pour l’historien traitant de la période
définie généralement comme préhistorique. Dans ce domaine,
une vision de grande envergure et un esprit ouvert procurent
un avantage net. Avec peu voire aucune preuve écrite à notre
disposition, il faut recueillir ici et là de petits indices concernant
la vie de nos ancêtres préhistoriques. Au final, il s’agit d’une
conjonction d’archéologie, de langues, de coutumes qui
survivent, de mythes et même de folklore qui ouvre la porte
d’une période aussi lointaine.
Sylvain Tristan est un chercheur à l’esprit ouvert mais
jamais crédule, inquisiteur mais flexible, et grâce à sa
combinaison rare de talents, associée à une détermination
acharnée et un enthousiasme formidable, je crois que son livre
Les Lignes d’or à beaucoup ajouté à la somme de
connaissances liées aux peuples mégalithiques d’Europe de
l’Ouest.
Tout comme moi, Sylvain en est arrivé à la conclusion
que le peuple qui a tiré, poussé et mis en place avec force ces
pierres massives en France, en Grande-Bretagne et ailleurs en

Europe occidentale, comprenait profondément la nature de la
planète sur laquelle il vivait et, bien que cela paraisse
improbable pour une culture de l’Age de Pierre, de plus en
plus de preuves sont mises au jour en ce qui concerne ses
capacités mathématiques réelles. A terme, les livres d’histoire
devront être réécrits, en mettant beaucoup moins l’accent sur
le caractère brillant des Grecs anciens, ou même des cultures
qui leur ont transmis leurs connaissances mathématiques – les
Egyptiens et les Sumériens. Il devient plus évident que jamais
que les accomplissements mathématiques du peuple
mégalithique, il y a de cela quatre mille ans ou plus, éclipsèrent
tout ce qu’on verrait dans le monde jusqu’à l’Age des
Lumières.
De surcroît, Sylvain montre que, plutôt que de
représenter quelque étrange contre-courant intellectuel, les
connaissances acquises à l’extrême ouest de l’Europe ont
presque certainement eu beaucoup à voir avec le
développement et les capacités de ces cultures que nous
considérons comme primordiales pour la naissance de
l’humanité.
Avec des preuves si scrupuleusement collectées et
collationnées par Sylvain Tristan, marchant main dans la main
avec des révolutionnaires tels Xavier Guichard et Alexander
Thom, les cartes mêmes de France et de Grande-Bretagne, ne
seraient-ce qu’elles, revêtissent une signification nouvelle, plus
profonde. Ces lignes que j’ai appelées « Lignes de sel » et que
Sylvain appelle « les Lignes d’or » sont la preuve vivante dans
le paysage d’un génie qui fleurit ici autrefois.
Ce qui suit dans cet ouvrage est un must pour tous ceux
qui ont le sentiment que l’Histoire ne s’est pas déroulée
comme on nous l’a enseignée. Préparez-vous à être stupéfiés.

Alan Butler, auteur de The Bronze Age Computer Disc
(Quantum Books, 1999), The Goddess, the Grail and the
Lodge (0 Books, 2004) et co-auteur avec Christopher Knight
de Civilization One (Watkins Publishing, 2004).
Bridlington, Angleterre, juin 2004.

Avertissement
Afin d’éviter la notation lourde et peu lisible de « av.
J.C. » pour les dates antérieures au début de l’ère chrétienne
et « ap. J.C. » pour celles qui lui appartiennent, la notation
internationale sera employée dans cet ouvrage : ainsi, les dates
d’avant le Christ seront notées « BC » (Before Christ) et celles
d’après le Christ « AD » (Anno Domini, c’est-à-dire « An de
Grâce »), sauf lorsqu’il s’agira de dates récentes où cette
précision devient inutile (soit après la découverte de
l’Amérique en 1492 AD). Il est d’ailleurs étrange que ce type
de notation soit peu répandu en France où la plus grande
confusion règne en matière de dates et de datations : en effet,
non seulement les dates de l’ère chrétienne sont-elles souvent
mentionnées sans indication (par exemple 732), mais souvent
également les dates antérieures à l’ère chrétienne le sont aussi
(comme par exemple 1500, signifiant en réalité 1500 BC, donc
1 5 00 avant Jésus Christ). Il va sans dire que le degré de
lisibilité de ce genre de notations est faible : en faisant appel de
la part du lecteur à un décodage systématique d’après le
contexte, il sème le trouble dans les esprits, engendrant
parfois des confusions regrettables.
Par conséquent, et comme nous aurons à manipuler des
dates situées avant et après la date qui entend commémorer la
naissance du Christ, celles-ci apparaîtront sous la forme
décrite ci-dessus : ainsi, à titre d’exemples, la victoire de César
sur Vercingétorix à Alésia sera notée 52 BC et la bataille de
Marignan 1515 AD. La notation « BC » s’appliquera autant aux

dates attestées historiquement qu’aux datations produites par
le radiocarbone (carbone 14) en ce qui concerne les sites
archéologiques.
Toujours pour des raisons de clarté de lecture et comme
nous serons amenés à manipuler beaucoup de dates très
diverses et écartées dans le temps, les dates séculaires avant
comme après Jésus Christ seront toujours indiquées en
chiffres arabes (ou, plus précisément, indiens) et non romains.
Ainsi, le XVIe siècle avant Jésus Christ sera indiqué sous la
forme 16e siècle BC, qui à mes yeux en tout cas est beaucoup
plus parlante et légère que la notation romaine. Cette notation
est particulièrement plus claire pour les dates très anciennes,
qui justement tiendront une place importante dans ce livre : le
vingt-deuxième siècle avant Jésus Christ sera donc noté 22e
siècle BC.
Les conclusions apportées dans cet ouvrage tiennent
compte de la chronologie actuelle de sites du monde entier
datés au radiocarbone, une méthode de datation fondée sur la
désintégration du carbone 14 radioactif de la matière vivante
qui se décompose avec le temps de façon relativement
régulière. Compte tenu de la diversité des méthodes
employées dans les systèmes de datation (certaines sont dites
calibrées,[1] d’autres non) et du caractère parfois incertain de
ces datations, certains résultats devront immanquablement
être affinés dans le futur. Sauf indication contraire, les
datations donnés pour les sites archéologiques seront
calibrées, puisque on considère actuellement que les datations
radiocarbones calibrées sont celles qui correspondent le mieux
aux dates réelles.

Prologue

Le fil d’or
dans la tapisserie
du temps

Tout ce qui nous paraît nouveau
est de l’histoire qu’on ignore.
Franklin Delano Roosevelt

Ce livre est le récit d’une enquête. Il propose également
une synthèse s voulant la plus objective possible sur un
sujet qui a toujours été chez moi une passion : l’origine des
grandes civilisations. Cet essai se divise en trois parties :
– dans la première partie, intitulée L’ENIGME
MEGALITHIQUE, nous nous pencherons sur la civilisation
mégalithique et verrons à quel point celle-ci était fascinante à
bien des égards, notamment en matière de navigation de
haute mer et d’architecture ; nous étudierons également les
bases numériques particulières utilisées par les Bretons de
façon traditionnelle, et nous demanderons si l’institution
druidique du monde celte pourrait tirer son origine du peuple
mégalithique.
– dans la seconde partie, intitulée LA GEOMETRIE A 366
DEGRES, nous constaterons qu’il est possible de retrouver la
trace d’une géométrie ancestrale, basée sur les données
fondamentales de la Terre et surtout supérieure à la nôtre,
dont le peuple mégalithique avait connaissance ; cette
géométrie aurait servi non seulement à adopter des unités de
mesures pratiques pour l’érection de leurs ouvrages de pierre,
mais également à diviser en premier le globe en lignes de
longitude et de latitude ; nous verrons également que ce
peuple aurait pu le premier mesurer le temps grâce à un
pendule bien particulier.
– dans la dernière partie, enfin, intitulée A LA
RECHERCHE DES SITES D’OR, nous mettrons en lumière le
rôle apparemment déterminant que jouèrent tant la
civilisation mégalithique que sa géométrie à 366 degrés dans la
naissance des premières grandes civilisations du monde –
notamment en Mésopotamie, en Egypte, dans la vallée de
l’Indus, en Grèce, au Mexique ou encore au Pérou ; nous
tenterons donc de montrer que les grandes civilisations ne

sont pas nées indépendamment les unes des autres, mais
qu’elles sont plutôt en grande partie tributaires d’une
civilisation unique : l’ensemble des capitales de toutes les
premières grandes civilisations semblent en effet avoir été
bâties sur le tracé des lignes d’or, des lignes uniformément
espacées impliquées par la géométrie mégalithique.
Mon travail est fondé en grande majorité sur les
conclusions de spécialistes chevronnés des sciences dures ou
des sciences humaines (archéologues, historiens, etc.) ou
d’amateurs besogneux, afin de garantir un maximum de
fiabilité aux données de base de cet essai. Mon travail s’appuie
également sur les écrits de la plupart des auteurs classiques
(grecs et latins) : l’un de mes soucis a donc été de revenir le
plus souvent aux sources primaires, encore une fois pour des
raisons évidentes de fiabilité ; toutefois, lorsque pour des
raisons pratiques je n’ai pu avoir accès à celles-ci, je le précise
en annotation. Mais mon travail est essentiellement fondé sur
les recherches et les conclusions surprenantes de mon ami
Alan Butler, redécouvreur de la géométrie mégalithique, à qui
revient pratiquement tout le mérite, et j’en profite ici pour
rendre hommage à son travail, ainsi que pour saluer à la fois
son ardeur à la tâche et son immense perspicacité.
Une critique du travail présenté ici serait que trop de
sujets, appartenant à des secteurs très variés tels
l’archéologie, les mathématiques ou encore la mythologie, sont
associés entre eux dans cette étude de façon hasardeuse,
inappropriée ou maladroite. Je crois cependant que c’est en
étudiant le plus de sujets possibles, dans des domaines parfois
totalement opposés, que l’on peut souvent espérer progresser
dans la quête de la connaissance de notre passé.
Mon travail n’a ensuite été que de mettre en relation la
masse d’éléments obtenus, afin de tirer les conclusions qui

paraissaient s’imposer. Pour reprendre la formule poétique de
mon collègue Alan Butler, je me suis mis en quête, à mon tour,
du « fil d’or dans la tapisserie du temps », constatant non sans
surprise que l’ensemble des premières civilisations du monde
étaient reliées entre elles, dans un passé lointain, par un fil
idéologique unique – un savoir qui dut se transmettre de
génération en génération durant des millénaires !
Pour le confort de lecture et afin que le profane en
matière de géométrie puisse suivre sans difficulté cette
histoire, les quelques calculs indispensables à l’explication
claire de cette thèse, bien qu’intégrés dans le corps du texte,
sont présentés dans une police distincte. Leur lecture n’est en
aucun cas indispensable à la compréhension du livre, qui peut
se lire tel un roman.
La thèse présentée dans cette ouvrage, parce qu’elle
bouscule les idées reçues en matière de préhistoire (ou des
débuts de l’histoire), est nécessairement sujette à
controverse : comment en effet un peuple aussi ancien a-t-il
été capable de maîtriser un système à la fois astronomique et
géométrique aussi développé ? Même si tout indique que tel
fut le cas, le travail de l’esprit consistant à trancher sur la
validité ou non de cette thèse est laissé au lecteur qui, à l’issue
de la lecture de cet essai, se sera certainement fait une idée
raisonnable. Inutile de préciser que je suis personnellement
convaincu que rien de ce qui est présenté dans ce livre n’est
une illusion. Quoi qu’il en soit, réalité ou non, rien ne saurait
être plus passionnant que de rechercher ce fameux fil d’or,
presque invisible pour le commun des mortels mais qui
pourtant court quelque part, en catimini, dans les arabesques
de la tapisserie du temps.

1ère
 PARTIE

L’ENIGME
MEGALITHIQUE

Chapitre 1

La Bretagne,
berceau du mégalithisme

La Bretagne est universelle et toutes les races en retour
se retrouvent en elle comme dans un cercle, le cercle du
celtisme,
lequel est assurément la bague circonférentielle du
monde
Saint-Pol Roux, Offrande à Divine

La Bretagne…
Située aux confins occidentaux de l’Europe, la péninsule
armoricaine a su garder, plus que dans bien des régions ou des
pays, ses particularités et ses traditions ancestrales. Ses terres
parcourues par les vents de l’Atlantique, au coeur desquelles
s’étendait jadis la fameuse forêt de Brocéliande, portent encore
l’empreinte des différents peuples qui se sont succédé au
cours des millénaires : pour ne citer que les principaux en
remontant dans le passé, les Français, les Romains, les Celtes,
les Vénètes ou encore – et il nous faut là revenir plus de 3000
ans en arrière – le peuple mégalithique, une culture des plus
étonnantes mais qui demeure très mal connue.
Son apparition sur les côtes d’Europe occidentale n’est
aujourd’hui encore pas vraiment expliquée. S’agit-il d’un

peuple d’origine méditerranéenne ayant remonté vers le nord
en suivant les côtes ? Ou bien au contraire d’un peuple venu
d’Europe du Nord ou d’Europe de l’Est ? Ou bien encore d’un
peuple indigène qui décida soudain d’utiliser de manière
extensive la grosse pierre ? Certains auteurs y voient même
un peuple de marins qui aurait échoué sur ces rivages à la
suite d’un cataclysme… nous verrons dans un instant que la
solution la plus probable de cette énigme n’est peut-être pas
aussi éloignée qu’on le pense de cette proposition. Quoi qu’il en
soit, ce fut un peuple ou un ensemble de peuples[2]
constructeurs de monuments de pierre géants – les
mégalithes, du grec « grosse pierre » dont les alignements de
menhirs, les dolmens, les allées couvertes, les tertres de terre
et de pierre, et les cromlechs ou cercles de menhirs sont les
vestiges disparates d’un courant de pensée aussi fascinant
qu’énigmatique. Après l’Europe de l’Ouest, le mégalithisme
devait déferler plus tard sur une grande partie du monde.

L’aube du mégalithisme
Etudions donc un courant culturel étonnant à bien des
égards, surtout lorsqu’on garde à l’esprit qu’il précéda dans le
temps hormis les toutes premières villes qui s’étaient
développées en Asie mineure depuis peu la naissance de
l’ensemble des grandes civilisations qui devaient changer la
face du monde.
Il existe de par le monde des dizaines de milliers de sites
mégalithiques, un chiffre considérable. Rien qu’en Europe, on
estime qu’il existe au moins 50 000 dolmens, ce qui bien sûr
ne constitue qu’une faible partie de l’ensemble des ouvrages
mégalithiques existants sur ce continent. Le nombre de sites
mégalithiques dans le monde est tout simplement prodigieux
et il se chiffre en centaines de milliers ! Ce phénomène
témoigne donc d’un très fort mouvement culturel dont on ne
sait malheureusement pratiquement rien. S’il est établi que les
dolmens (en breton « table de pierre ») et les allées couvertes
servaient de sépultures, les menhirs (en breton « pierre
longue »), ces pierres dressées, qu’elles soient seules ou
regroupées en cercles (appelés cromlechs) ou en alignements,
gardent beaucoup de leur mystère.
L’origine de cette culture mégalithique nous plonge dans
la nuit des temps. Il est malaisé de dire s’il a existé une ou
plusieurs cultures mégalithiques, lesquelles se seraient plus ou
moins copiées les unes sur les autres ou tout du moins
inspirées les unes des autres. L’hypothèse diffusionniste d’une
culture unique qui se serait propagée fut très prisée autant au
19e siècle que dans la première moitié du 20e siècle.
Aujourd’hui, l’hypothèse de cultures diverses se développant
plus ou moins indépendamment les unes des autres prédomine
au sein de la communauté scientifique. Cette hypothèse paraît
toutefois s’expliquer avant tout par le souci d’appliquer la
nouvelle doctrine du politiquement correct, qui incite à

reconnaître l’émergence de cultures particulières isolément,
sans qu’il y ait forcément de peuple civilisateur apportant avec
elle la « lumière ».
Mais cette hypothèse s’explique également en raison de
la grande diversité des ouvrages mégalithiques dépendant du
lieu où l’on se trouve. Par exemple, on observe beaucoup
d’alignements de menhirs mais peu de cercles de pierre en
Bretagne, alors que le phénomène inverse est observé dans les
îles britanniques. Si l’on étudie les mégalithes du Massif
Central, on s’apercevra rapidement qu’on trouve
principalement des dolmens ; en Scandinavie,il existe
beaucoup de cromlechs en forme de navire, alors qu’on n’en
trouve nulle part ailleurs ; en Corse et en Sardaigne, ou dans le
sud de la France, on observe des statues-menhirs (pierres
levées sur lesquelles ont été gravées des figures
anthropomorphes), ouvrages inexistants dans le nord de
l’Europe, et ainsi de suite. A la distinction qualitative et
géographique s’ajoute une distinction temporelle. Le
phénomène mégalithique s’étend en effet sur plusieurs
millénaires, et il paraît donc judicieux d’évoquer l’existence de
divers peuples, même s’il est plus que vraisemblable qu’ils se
soient inspirés d’une idée unique.
Ce semble un peu plus facile, en revanche, c’est de dire où
le phénomène a commencé et de suivre dans les grandes lignes
sa propagation dans le monde, que cette dernière ait été
l’oeuvre d’une culture unique diffusant l’idée initiale ou de
peuples distincts et contigus l’adoptant progressivement. La
datation par le carbone 14, ou radiocarbone, a apporté avec
elle une révolution dans la vision classique que les chercheurs
avaient du monde ancien. Jusque dans les années 1950, on
pensait que la « lumière » venait uniquement du Moyen
Orient, berceau de l’agriculture censé avoir graduellement
« éveillé » le monde obscur des « Barbares » d’Europe. Le
schéma n’est aujourd’hui plus aussi net, même si beaucoup de

chercheurs ont du mal à l’admettre. Sans nier les influences
certaines du Proche Orient sur l’Occident, un autre
phénomène doit être pris en compte parallèlement à la
diffusion de l’agriculture. Il s’agit du courant mégalithique.

L’expansion mégalithique
On pensait que les mégalithes d’Europe occidentale
représentaient les ultimes variations dégénérées des
magnifiques palais du roi Minos de Méditerranée Orientale,
des pyramides d’Egypte et des ziggurats de Mésopotamie. Le
radiocarbone est venu semer le trouble en indiquant que les
ouvrages mégalithiques les plus anciens du monde se
trouvaient en réalité en Europe occidentale. Ils étaient certes
plus frustes, mais c’est peut-être ce à quoi on devait s’attendre
si on recherchait une évolution plus linéaire de l’histoire.

Selon la plupart des spécialistes, c’est dans la péninsule
armoricaine, autrement dit en Bretagne,[3] qu’on trouve les
mégalithes les plus anciens, même si certains optent plutôt
pour le Portugal.[4] Les dates plafonnent à 4800 BC sur le site
de Kercado dans le Morbihan, (peut-être 5000 BC à Carnac) ce
qui signifie que ce dolmen fait partie de ceux qui ont été érigés
voici 7000 ans, bien avant tout autre mégalithe ou
construction mégalithique connus dans le monde entier ! A
Locmariaquer, le Grand Menhir aujourd’hui brisé a fait
émerger des datations de l’ordre de 4800-4700 BC. Le site du
cairn de Barnénez, en Bretagne également, donne des dates
s’échelonnant de 4700 à 4300 BC : 4700-4600 BC pour le cairn
primaire, 4400-4300 BC pour le cairn secondaire. Le
mégalithisme gagne très rapidement des régions fort éloignées
de son point de départ, avec des datations donnant 4500 BC
vers Cadix, au sud-ouest de l’Espagne, et 4500 BC également
au Portugal.
Vers 4100 BC, des temples mégalithiques sont édifiés à
Malte, au coeur de la Méditerranée. Vers 4000 BC, on trouve
des mégalithes en Grande-Bretagne, en Allemagne

occidentale, et même en Scandinavie (Danemark et Suède
méridionale). Viennent ensuite l’Andalousie, le Massif Central,
le sud de la France, où dolmens, menhirs, cercles de pierres
dressées et statues-menhirs prolifèrent, autant sur le
continent que sur les îles méditerranéennes des Baléares, de
Corse et de Sardaigne.
De grands dolmens sont construits sur le littoral estalgérien
et ouest-tunisien à une époque difficile à déterminer.
Plus à l’intérieur des terres, des milliers d’ouvrages de plus
faible envergure (petites tombes à socle) sont également
érigées dans la région de Bou Nouara. Le mégalithisme gagne
également l’Afrique occidentale à une époque encore mal
déterminée : il a été répertorié des milliers de sites
mégalithiques au Maroc, au Sénégal, en Gambie, au Niger, au
Nigeria ou encore au Gabon. En République centrafricaine, on
a érigé des grandes pierres depuis 500 BC jusqu’au 16e siècle
A D (certains auteurs, comme Andis Kaulins, pensent que les
premiers mégalithes de l’ensemble de sites mégalithiques très
spectaculaire de Bouar en République centrafricaine sont
beaucoup plus anciens[5] ; les conclusions de cet auteur sont
toutefois contestables). L’Afrique de l’Ouest n’a pas le
monopole des mégalithes : c’est dans la province de Sidamo
(sud de l’Éthiopie) que l’on peut observer la plus grande
concentration de mégalithes du monde, avec plus de 10 000
pierres levées et stèles gravées, qui témoignent cependant
d’un mégalithisme tardif (les premiers mégalithes de la région
datent tout de même du 2nd millénaire BC).
Dès 3200 BC, le mégalithisme a déjà traversé la
Méditerranée et gagné les confins orientaux de la Mer Noire,
avec l’érection de très nombreux dolmens et cromlechs dans le
Caucase. Le phénomène mégalithique gagne également le
Moyen-Orient aux environs de 3100-3000 BC, autrement dit
près de deux millénaires après les premiers mégalithes
attestés en Europe de l’Ouest. C’est à cet époque que sont

érigés les plus anciens mégalithes de Palestine et d’Israël.
C’est également à cette époque qu’est aménagé en Grande-
Bretagne le temple de Stonehenge dans sa phase initiale : la
grande époque des cromlechs insulaires commence, avec
l’érection de cercles de pierres souvent entourés d’un fossé et
d’un tertre, dans des régions parfois très retirées comme par
exemple dans les îles Orcades au nord de l’Ecosse, où se crée
entre autres joyaux du mégalithisme le cercle de Brodgar.
Au Proche Orient, des milliers de dolmens sont construits
sur le plateau du Golan vers 2200 BC. Mais le phénomène s’est
déjà étendu à la péninsule arabique : vers 2500 BC, des
mégalithes sont dressés au Yémen.
Le mégalithisme progresse ensuite en Inde (plateau du
Deccan) vers 1500 BC, ainsi qu’au Népal et au Tibet. Pendant
ce temps, dans l’ouest de la Méditerranée, le mégalithisme
continue sur les côtes et dans les îles, avec entre autres la
construction des nuraghes en Sardaigne (les nuraghes sont des
tours de pierre construites à partir de 1800 BC ; à la fois
forteresses et lieux d’habitation, les nuraghes sont disséminées
régulièrement sur toute l’île afin que des signaux puissent être
envoyés de l’une à l’autre et se propager ainsi sur des
centaines de kilomètres ; il en existe environ 6000, et dans le
sud de l’Italie, des monuments analogues appelés spechie
forme féminisée de spechio, qui signifie littéralement
« miroir » prolifèrent également à la même époque).
Vers 1200 BC, alors qu’on fabriquait des ouvrages
mégalithiques depuis 3500 ans, on s’arrête soudain d’en ériger
en Occident, sans doute lorsque de nouveaux envahisseurs
s’imposent dans ces régions, peut-être déjà les premiers
Celtes. Cette date de 1200 BC, qui marque la fin de l’époque
mégalithique en Europe de l’Ouest est, comme nous le
verrons, une date clé.
Beaucoup plus tardivement encore, l’idée mégalithique va
progresser jusqu’en Corée et au Japon. Il existe même

quelques exemples de dolmens en Chine.[6] On en trouvera
également dans le Nouveau Monde, avec aux environs de
600- 500 BC des ouvrages mégalithiques en Colombie, sans
doute apparus de façon indépendante (?). Enfin, une forme de
mégalithisme presque contemporaine a été observée à
Madagascar au 18e siècle AD.
La répartition des mégalithes en Europe de l’Ouest est
inégale. Le mégalithisme s’est étendu sur toute la façade
atlantique, de Gibraltar au sud de la Suède, avec une forte
concentration en France (notamment dans les régions de
l’ouest) ; on observe toutefois certaines irrégularités : une
singularité se distingue notamment en Aquitaine, zone
pratiquement dépourvue de mégalithes, mais également sur
les rivages de la Mer du Nord, où le mégalithisme est
pratiquement absent. Dans ce deuxième cas, c’est d’autant
plus étonnant que l’ouest de la Grande-Bretagne ou encore
l’est de la péninsule du Jutland sont des zones fortement
mégalithiques ; l’est de la Grande-Bretagne, en revanche, ainsi
que l’ouest du Jutland ou encore les côtes de Hollande et
d’Allemagne occidentale – autrement dits les rivages de la Mer
du Nord sont pratiquement dépourvus de mégalithes.

Un peuple de marins
Ce qui frappe l’oeil quand on regarde l’évolution
géographique et temporelle du phénomène mégalithique, c’est
que l’expansion touche principalement les côtes et les îles. Ce
constat implique aussitôt deux choses. Premièrement, le
mégalithisme est l’oeuvre de marins. Deuxièmement, la
relative absence de mégalithes à l’intérieur des différents
continents, ainsi que la progression continue du phénomène
dans l’espace et dans le temps en des points contigus, semble
discréditer l’hypothèse de développements indépendants pour
favoriser celle de la diffusion par un ou des peuples initiés à ce
nouveau mode culturel.
Evoquons toutefois l’éventualité que l’expansion
mégalithique se soit faite par voie terrestre. Rappelons qu’il
existe principalement deux écoles relatives à la diffusion du
phénomène mégalithique. Les similitudes entre les anciennes
tombes à tholos mycéniennes en Argolide et les dolmens à
fausse coupole ou à tholos d’Europe occidentale (comme à
Barnénez en Bretagne), sont tellement frappantes que le débat
s’est longtemps résumé à se demander lequel avait influencé
l’autre (nous aurons l’occasion de reparler plus précisément
des cas précis de Barnénez et de Mycènes ultérieurement).
Les analogies sont si grandes que le plan des ouvrages, le choix
des matériaux ainsi que la technique architecturale sont
pratiquement identiques en France, en Angleterre et en
Espagne d’une part, et dans le monde égéen et grec d’autre
part.[7]
La première école prétend que la diffusion s’est effectuée
de l’Orient vers l’Occident. Des marins issus de la mer Egée
seraient venus jusqu’aux rivages atlantiques de l’Europe en
apportant avec eux des techniques architecturales qui
auraient donné naissance au mégalithisme. La thèse est
renforcée par une analogie entre certaines figures humaines

stylisées, les unes relevées dans les dolmens d’Europe de
l’Ouest, les autres sur des fragments de céramique du Proche
Orient. En s’éloignant vers l’est, les fines techniques de
construction égéennes se seraient dégradées, engendrant un
style quelque peu dégénéré en Europe : les dolmens de nos
régions ne sont-ils pas plus frustes que les tombes
mycéniennes aux tholoi raffinés ? Cette diffusion a-t-elle pu
s’opérer par les terres ? Si tel est le cas, rien ne l’indique, car
les principales voies continentales, comme le Danube, le bassin
rhodanien, ou la Garonne sont pratiquement dépourvues de
sites mégalithiques.
La seconde école prétend que le sens de diffusion s’est
effectué d’ouest en est, mais en ce cas la question de l’origine
précise du phénomène mégalithique reste incertaine : on
trouve les partisans de la Bretagne, et ceux de la péninsule
ibérique. La répartition des mégalithes d’Occident n’est pas
régulière et pose problème : encore une fois, la difficulté qui se
pose à trouver un point d’origine n’est-elle pas due au fait que,
finalement, la diffusion de l’idée mégalithique semble peu
explicable par voie terrestre, alors qu’elle devient presque
logique, ou en tout cas compréhensible, par voie maritime ?
Pour Fernand Niel, qui s’est longuement penché sur le sujet, le
doute n’est pas permis, même si la question de l’origine ne
trouve pour l’heure aucune réponse satisfaisante :
Or, quel que soit le processus de propagation de
l’« idée dolménique », il est certain que cette idée a
été propagée par un peuple de marins. Il n’existe
pas de groupement dolménique éloigné du littoral,
ou franchement coupé des groupements en bordure
des côtes. De plus, le caractère insulaire de
l’expansion mégalithique le prouve. L’exemple de
l’Irlande, des îles Scilly, des îles anglo-normandes
ou de la Corse montre que la coutume d’élever des

dolmens et des menhirs, a été apportée dans ces
îles par des navigateurs. La mer a été certainement
la route suivie par « l’idée dolménique ». D’où
venaient ces navigateurs ? On n’en sait trop rien et
le problème demeure entier.[8]
Aujourd’hui, le débat s’est quelque peu apaisé car on rechigne,
pour des raisons un peu floues, à plaider pour une origine
occidentale du phénomène, et on préfère esquiver le débat en
parlant de « développement indépendants » pour la Grèce et
même au sein des différentes régions mégalithiques d’Europe
occidentale. Nous ne savons pas si le phénomène mégalithique
est un développement indigène d’Europe de l’Ouest ou s’il a
été importé, du Proche Orient ou d’ailleurs, mais nous savons
qu’il a considérablement précédé dans le temps l’essor des
grandes civilisations de Mésopotamie, d’Egypte et de la Vallée
de l’Indus. Nous savons grâce aux datations par le carbone 14
que les mégalithes d’Occident précèdent de plusieurs
millénaires les tombes mégalithiques de Grèce. Nous savons
également que la direction suivie par le phénomène
mégalithique, de la façade atlantique à la Méditerranée,
n’interdit pas une quelconque influence de celui-ci sur les
grandes civilisations qui allaient naître en Orient. Le but même
de cet ouvrage est d’essayer d’apporter les preuves, si elles
sont reçues comme telles, qu’une unité idéologique
insoupçonnée ou presque jusqu’alors, lie au delà du doute le
mégalithisme aux premières grandes civilisations.
Revenons au mégalithisme brut, sans grand raffinement,
du type dolmen ou menhir, à l’échelle du monde. S’il n’est pas
évident qu’une expansion maritime ait eu lieu lorsqu’on
regarde les branches indiennes, népalaises ou coréennes de
l’arbre mégalithique mondial, il est en revanche patent que ce
dut être le cas en Europe et en Méditerranée, où l’expansion
suit nettement les côtes, d’abord d’Europe Occidentale,

ensuite d’Europe du Nord d’une part et de Méditerranée
d’autre part. De plus, la Grande-Bretagne, l’Irlande, les
Hébrides et les Orcades, sont toutes des îles et l’étaient déjà à
l’époque où elles sont devenues des hauts lieux du
mégalithisme. Il en va de même pour Malte, la Corse, la
Sardaigne et les Baléares. L’insularité avérée de ces derniers
lieux vient donc confirmer sans doute possible que nous avons
affaire à un peuple de marins. A moins d’envisager l’hypothèse
extrêmement improbable que des peuples en des lieux
distincts et séparés entre eux par la mer (mais voisins) aient
eu l’idée, à des époques également très voisines, d’ériger des
monuments similaires, il ressort que le mégalithisme est
inévitablement associé à un peuple capable de naviguer en
haute mer. Car c’est dans l’Atlantique Nord que tout a
commencé (qu’il s’agisse des rivages de Bretagne ou du
Portugal), et les marins d’aujourd’hui savent combien la
navigation peut être hasardeuse sur cet océan pas toujours
clément et même parfois redoutable.

Les druides mégalithiques
Si ce peuple a bien existé et s’il était capable à la fois de
naviguer sur l’océan et d’ériger des monuments aussi
démesurés (voir chapitre 2), il nous faut conclure qu’il y avait
en son sein des gens assez compétents pour maîtriser et
transmettre de génération en génération un ensemble
considérable de connaissances leur permettant en ces temps
reculés de réaliser de telles prouesses.
L’éminent généticien italien Luca Cavalli-Sforza émet
l’hypothèse selon laquelle il devait exister des prêtresastronomes
parmi le peuple mégalithique (que nous pourrions
d’ailleurs appeler druides[9]), dépositaires de cette
connaissance indispensable à la mise en oeuvre de tels projets.
En observant sur une carte la répartition toute côtière des
mégalithes du monde, il s’était initialement dit que le peuple
mégalithique devait avoir essaimé dans des temps reculés en
suivant les côtes européennes, colonisant petit à petit une
bonne partie du continent européen et plus. Il pensait donc
retrouver des traces de cette colonisation très ancienne dans
les gènes des populations habitant aujourd’hui ces régions. Il
essaya de mettre cette hypothèse en pratique mais elle se
solda par un échec : aucun caractère commun parmi ces
populations, en terme de génétique, ne se dégagea. Il en
conclut donc que l’idée mégalithique devait fort probablement
avoir essaimé via un groupe d’individus assez restreint pour
n’avoir laissé que peu de traces dans les gènes des populations
locales :
Plutôt que des colons, il est possible que ces
hommes des mégalithes aient été une caste de
prêtres, une petite aristocratie de la
préhistoire, qui disposaient de bons navires et
peut-être aussi de bonnes armes, sans

compter des connaissances astronomiques et
architecturales bien plus avancées que celles
de leurs contemporains. Ils imposaient leur
supériorité aux peuples qu’ils rencontraient,
mais ils n’étaient probablement pas très
nombreux par rapport aux agriculteurs, qui
avaient désormais colonisé les côtes de la
Méditerranée et atteint une certaine densité
de population. L’apport en gènes des
mégalithiques est par conséquent resté
modeste, et insuffisant pour modifier la
physionomie génétique des peuples avec
lesquels ils sont entrés en relation, bien que,
sur le plan culturel, ils aient laissé derrière eux
des traces très impressionnantes.[10]
Une grande coopération et une importante coordination
(autant entre eux dans leur contrées d’origine qu’avec les
populations qu’ils rencontraient ailleurs) étaient en outre
nécessaires pour mener leurs tâches à bien, ce qui sous-entend
des sociétés relativement égalitaires, où les gens vivaient
plutôt en harmonie les uns avec les autres, tous s’impliquant
ensemble dans un but architectural commun sans doute
éminemment sacré. A cette époque, la science astronomique et
la religion étaient nécessairement liées, et le terme de prêtreastronome
employé par Cavalli-Sforza ne manque pas de
pertinence. Par convention, nous parlerons la plupart du
temps dans cet ouvrage de druides mégalithiques, ces
derniers désignant la caste d’individus nécessaire à la
prolifération fantastique des sites mégalithiques,
scientifiquement étonnante à bien des égards.

L’origine du mégalithisme

Une particularité curieuse du phénomène mégalithique
est qu’il est apparu, déjà grand et magnifique, de manière
assez soudaine. Comme l’écrit Christine Louboutin, spécialiste
du néolithique : « Les dolmens à couloir du sud du Portugal et
de l’extrême ouest de la France – Barnénez, dans le Finistère,
ou Bougon, dans les Deux-Sèvres – sont les plus anciens
mégalithes connus. Rien ne précède ni n’annonce la maîtrise
technique et l’ampleur éclatante de ces constructions ».[11]
L’origine du mégalithisme constitue donc, en soi, un premier
mystère non résolu. Pourtant, il existe une piste des plus
intéressantes… mais qui se situe à l’autre bout de l’Europe !
On considère généralement que les communautés indoeuropéennes,
qui ont probablement apporté avec elles
l’agriculture en Europe de l’Ouest, trouvent leur origine en
Anatolie, c’est-à-dire dans l’actuelle Turquie. Selon une
variante défendue par Marija Gimbutas, c’est dans les steppes
de Russie qu’il faut chercher cette origine : c’est la théorie des
Kourganes, ces guerriers à cheval qui auraient fait une percée
jusqu’en Europe centrale.[12] Les populations se trouvant
dans un espace compris entre le cours inférieur du Danube et
la vallée de la Volga auraient été contraints de se déplacer vers
l’ouest, entre le 8e et le 6e millénaire BC,[13] chassés par ces
conquérants venus de la steppe. Emigrant jusqu’aux confins
occidentaux de l’Europe, ces populations danubiennes auraient
semé les premières graines de la révolution néolithique dans
ces régions où la chasse et la cueillette étaient encore la règle
parmi les populations indigènes, remplaçant du même coup les
langues pré-indo-européennes par de nouveaux idiomes dits
indo-européens.
Cette hypothèse est confirmée par la découverte à Poses
dans l’Eure, en 1995, de l’un des tout premiers villages
néolithiques de France, daté des alentours de 5000 BC.
L’important dans cette découverte, c’est que les maisons ne
sont pas implantées au hasard, mais selon un schéma bien

particulier qu’on ne retrouve que dans la vallée du Danube :
les constructions sont alignées et orientées dans le sens estouest
et le plan des maisons elles-mêmes, avec leur grande
surface habitable et leurs poteaux massifs d’environ 25 cm de
diamètre, qui soutiennent la charpente, est très
reconnaissable. Du côté est, on trouve trois chambres, du côté
ouest, un petit couloir dessert des chambres plus petites, et au
centre se trouve une salle de dimensions importantes. En
Bretagne, des rapprochements en matière de poterie à fond
rond entre l’Armorique et le monde danubien avaient été faits
par Jean-Laurent Monnier alors que l’hypothèse d’un flux
migratoire en provenance du Danube était encore loin de faire
l’unanimité.[14] La poterie, alors inexistante en Europe de
l’Ouest, aurait progressivement été apportée par ces
populations danubiennes.
Une autre confirmation de ce foyer danubien est
apportée par l’art développé par les peuples mégalithiques.
Bien qu’un certain tabou de la représentation ait prévalu dans
les régions mégalithiques pendant très longtemps, les quelques
stèles et statues que ces peuples nous ont laissées montrent
qu’elles ne doivent rien à l’art paléolithique antérieur local,
ainsi que l’a montré Jean L’Helgouac’h, directeur de
recherches au CNRS et spécialiste de la Bretagne
préhistorique.[15] Pourtant, dans l’hypothèse d’un
fleurissement local du phénomène mégalithique, il aurait été
logique d’observer une certaine continuité entre l’art du
paléolithique et la statuaire néolithique d’Europe de l’Ouest.
Tout aussi remarquable est le fait que rien ne rattache non
plus l’art néolithique d’Occident à celui du Proche Orient,
grand foyer des toutes premières civilisations. Selon l’auteur
breton Jean Danzé, le caractère stylisé de cet art est une
preuve supplémentaire d’une origine danubienne du
mégalithisme :

En revanche cette forte schématisation, cette
extrême simplification de la silhouette, notamment
pour former la tête et les épaules, se retrouve à des
époques anciennes chez les populations néolithiques
des Balkans pour des représentations féminines
identifiables par des hanches très marquées. C’est
très probablement là qu’il faut rechercher les
consoeurs de nos stèles armoricaines, un concept
importé des lointains confins orientaux du monde
danubien.[16]
Il existe donc de fortes présomptions de croire que l’origine
des populations auteurs du phénomène mégalithique se situe
dans les lointaines vallées du bas Danube. Une hypothèse
solide de ces mouvements migratoires est qu’elles auraient été
chassées par les conquérants Kourganes venus des steppes
orientales. Mais la question qu’on est en droit de se poser est
la suivante : est-ce là la seule raison et même, est-ce bien là la
raison fondamentale ? Un autre phénomène, d’origine
naturelle et non humaine, serait-il à même de jeter quelque
lumière sur cet épineux problème, en expliquant pourquoi un
tel exode eut lieu ? Il en existe un : celui connu dans la Bible
sous le nom de Déluge, et qui n’est plus seulement un mythe
mais un épisode qu’un nombre croissant de scientifiques
considèrent aujourd’hui comme tout à fait historique.

L’explication géologique du Déluge
L’ensemble des traditions du monde évoque une période
de très grandes pluies et de montées des eaux. C’est ce que la
Bible appelle le Déluge, et qui dura quarante jours et quarante
nuits. Sans Noé et son arche, affirme le livre religieux, ni les
humains ni les autres espèces animales n’auraient survécu à ce

cataclysme. C’est également ce que raconte en substance
l’épopée de Gilgamesh, l’un des plus anciens récits écrits
attestés au monde. Outre ces légendes, des historiens de la
période classique, tels Pline l’Ancien et Diodore de Sicile, ont
eux aussi évoqué un brusque envahissement désastreux des
eaux sur la terre.
Aujourd’hui, on s’accorde à dire que ces légendes relatent
avec plus ou moins de véracité la période tumultueuse de la fin
du dernier âge glaciaire qui libéra des quantités
extraordinaires d’eau glacée en quelques millénaires,
provoquant une remontée globale du niveau des océans de
plus de cent mètres. La déglaciation, irrégulière, s’est opérée
par des étapes successives de réchauffement et de stagnation,
parfois même entrecoupées par des périodes de
refroidissement. Lors de cette période de transition entre l’ère
glaciaire et les conditions actuelles, de vastes étendues de
terres côtières alors habitées ont été noyées plus ou moins
rapidement, et il est probable que les divers récits du déluge
se remémorent ces temps marqués par des catastrophes liées
à l’élément liquide.
Récemment, une remarquable théorie a été avancée par
les géologues américains William Ryan et Walter Pitman.
Celle-ci concerne la formation du détroit du Bosphore, reliant
la Méditerranée à la Mer Noire. Selon ces chercheurs, ce
détroit serait de formation très récente, puisqu’ils datent sa
création des environs de 5500 BC, autrement dit voici 7500
ans. La Mer Noire, avant cette date, aurait été un lac de
dimensions beaucoup plus modestes, jusqu’à ce que la
Méditerranée, enflée par la remontée des eaux post-glaciaires,
ne se déverse avec force et de façon très brusque dans ce qui
allait devenir la Mer Noire, désormais reliée par le détroit du
Bosphore nouvellement créé, une ancienne langue de terre
rompue par la pression des eaux. Le lac d’eau douce allait donc
devenir une mer d’eau salée de dimensions beaucoup plus

importantes, noyant rapidement des centaines de kilomètres
carrés de terres habitées, notamment dans les basses vallées
du Danube. Ce fait mérite qu’on s’y arrête puisque à la fois la
date (5500 BC) et le lieu (les terres environnant l’embouchure
du Danube dans la Mer Noire) correspondent à l’exode des
populations danubiennes vers le nord et l’ouest de l’Europe,
populations qui allaient sans doute donner naissance au
phénomène mégalithique. Cette théorie d’un véritable déluge
aux conséquences catastrophiques dans des temps
relativement récents, très étayée par un faisceau d’indices, ne
laisse guère de place au doute. Elle a d’ailleurs été défendue
par la très sérieuse revue américaine Scientific American (en
France Pour la Science) en juin 2001.[17]
Dès 1972, les géologues Egon Degens et Davis Ross
avaient échafaudé un premier scénario dans lequel les eaux
salées de la Méditerranée se seraient progressivement
répandues dans la Mer Noire. Ce scénario, auquel adhérèrent
les scientifiques pendant longtemps, fut toutefois bouleversé à
la fin des années 90 lorsque les chercheurs Ali Aaksu et Rick
Hiscott, de l’Université de Terre-Neuve au Canada, et Durmaz
Yasar de l’Université d’Izmir en Turquie, qui firent des
recherches sismiques en Mer de Marmara (une petite mer qui
se situe entre le Bosphore et la Méditerranée), proposèrent
que la Mer Noire se fût déversée en premier dans la Mer de
Marmara. Toutefois, leur scénario comportait quelques zones
d’ombre, comme l’inexplicable remplacement des coquillages
d’eau douce par des coquillages marins il y a environ 7000 ans.
Une autre explication s’imposait, et il fallut la perspicacité de
Ryan et de Pitman pour la trouver.
William Ryan et Walter Pitman sont géologues à
l’observatoire Lamont Doherty à New York. En 1993, ils
dirigèrent une grande campagne océanographique au large de
la Crimée, en Mer Noire. Leur odyssée permit rapidement de
mettre en évidence dans leurs carottes de prélèvement une

période de transition entre une phase lacustre et une phase
marine, remarquable ne serait-ce que par le passage d’une
couleur à une autre. Au niveau le plus bas, ils identifièrent une
couche argileuse contenant des restes de Dreissina, un
coquillage lacustre. Au dessus, une petite strate de moins de
quatre centimètres d’épaisseur révéla une multitude de
coquilles brisées de ce même coquillage, comme si de
nombreux spécimens de cette espèce avaient été concassés
lors d’un événement très violent. Enfin, une couche supérieure
contenant des restes de Mytilus galloprovincialis, une espèce
de moule, montrait sans ambiguïté que la faune lacustre avait
été remplacée par une faune marine après cet événement. Les
datations effectuées montrèrent que la rapide phase de
transition avait eu lieu vers 5500 BC.
Les résultats de Ryan et Pitman furent corroborés par
une expédition franco-roumaine nommée BLASON, envoyée par
l’IFREMER en mai 1998. A bord du navire océanographique le
Suroît, les scientifiques procédèrent à des sondages dans les
fonds marins se trouvant dans la partie nord-ouest de la Mer
Noire. Ils purent ainsi étudier la nature de ces fonds en
prélevant de nouvelles carottes, et grâce au sondeur et à un
capteur sismique, ils purent établir des cartes
tridimensionnelles des terrains sous-marins. Leur étude
confirma totalement l’arrivée brutale d’eau salée en Mer Noire
il y a de cela quelque 7500 ans. Aujourd’hui encore, le taux de
salinité de la Mer Noire demeure beaucoup moins élevé que
celui de la Grande Bleue, avec environ 18 grammes de sel par
litre d’eau pour la première contre 38 pour la seconde. Malgré
un échange permanent d’eau entre les deux mers, les eaux de
la Mer Noire se déplaçant en surface et celles de la
Méditerranée suivant un courant plus profond, le taux de
salinité de la première mer reste comparativement peu élevé.
De plus, une série d’autres indices consolident la théorie.
En premier lieu, une montée progressive des eaux ne manque

pas de laisser des traces qui se manifestent sous la forme de
lignes littorales successives facilement repérables. L’absence
de telles lignes dans les 150 premiers mètres de profondeur
des rivages de la Mer Noire montre qu’une brusque inondation
de la zone s’est sans doute produite. Deuxièmement, les cartes
des fonds sous-marins établies par l’équipe révélent la
présence d’un paysage de dunes dont les formes et les
proportions laissent à penser qu’elles ont été dessinées à l’air
libre et non sous l’eau. Grâce à une carotte, on put observer
que le sable se trouvant au sommet des dunes possédait une
structure typique d’une érosion éolienne et non marine. Le fait
que ces formations dunaires sous-marines n’aient pas disparu
indique que celles-ci ont probablement été recouvertes par la
mer nouvellement formée en un temps très réduit, figeant
ainsi à jamais ce paysage désertique. Il s’agit selon toute
vraisemblance de la submersion de ces lieux due à la rupture
soudaine du barrage naturel séparant la mer de Marmara au
lac qui devait devenir la Mer Noire.
Le terme de catastrophe naturelle est un doux
euphémisme pour qualifier le profond bouleversement qui eut
lieu dans la région vers 5500 BC. Selon Ryan, lorsque la langue
de terre a cédé, ce sont quelques 50 kilomètres cubes d’eau
qui se sont quotidiennement déversés dans le goulet
nouvellement créé, ce qui équivaut à un débit égal à 400 fois
celui des chutes du Niagara ! Une superficie de 100 000
kilomètres carrés de terres auraient ainsi été submergée, en
particulier dans le nord-ouest de la zone, là où se situe
l’embouchure du Danube. La montée des eaux fut en outre si
rapide que l’élévation journalière des eaux a dû avoisiner les
dix centimètres ! La rupture de la langue de terre se serait
faite en seulement un an ou deux, peut-être beaucoup
moins.[18] Comment douter, après ces données scientifiques,
que les récits de cette partie du monde aient conservé le
souvenir d’un envahissement drastique et catastrophique des
eaux ? L’événement décrit pas les chercheurs fut bien réel.

L’exode des Danubiens
Les zones envahies par la mer ont nécessairement
provoqué un exode massif. Les rivages côtiers du lac étaient
peuplés d’agriculteurs qui devaient certainement beaucoup
pêcher également. Non loin de là, au Moyen Orient, on avait
inventé l’agriculture et l’urbanisation, c’est pourquoi on est en
droit de croire que les peuples qui nous intéressent
connaissaient des conditions de vie plutôt en avance sur leur
temps. Dans une certaine mesure, ils devaient connaître la
civilisation. Ces peuples étaient donc déjà en pleine période
néolithique.
En très peu de temps, ils furent contraints de s’enfuir
mais pour aller où ? Pour commencer, ils n’eurent d’autre
choix que de reculer en remontant les fleuves Dniepr, Dniestr
et Danube. Mais ils se retrouvèrent fatalement en des lieux
déjà habités. Certains s’installèrent sans doute là où les
nouveaux rivages s’étaient stabilisés, mais d’autres furent
forcés de s’en aller encore plus loin, pensant peut-être que
cette remontée des eaux serait sans fin. Et c’est ainsi qu’ils
gagnèrent le nord et l’ouest de l’Europe, permettant du même
coup d’introduire l’agriculture en Europe centrale puis en
Europe occidentale. L’archéologie corrobore d’ailleurs cette
conjecture : l’agriculture est soudainement apparue en Europe
centrale vers 5500 BC.[19] Ensuite, quoi de plus normal, pour
des peuples habitués à vivre sur des côtes que de rechercher
en priorité à se réinstaller à proximité des côtes ? Ceci semble
donc expliquer pourquoi ceux qui allaient initier les cultures
mégalithiques se retrouvent principalement sur les rivages de
l’Europe. C’est en effet ce type d’environnement que les
nouveaux venus originaires des côtes d’un grand lac devenu
par un coup du destin une mer recherchaient avant tout : des
lieux permettant de conjuguer agriculture et pêche. Ils
devaient en outre avoir acquis un certain degré dans l’art de

naviguer, art qu’ils reproduisirent en Occident.
La question de savoir si le phénomène mégalithique fut
nouveau ou s’il avait déjà existé sous une forme primitive ou
similaire dans les terres submergées du bas Danube reste
ouverte. Il semble cependant qu’il ne connut pas de phase
danubienne, car une phase prémégalithique sous forme de
tertres s’observe en Europe du Nord lors de la période
intermédiaire. Cela n’empêche pas qu’une civilisation avancée
ait existé sur les rivages de la Mer Noire. Des archéologues
français et bulgares ont découvert sur les côtes bulgares des
sépultures dont on ne sait trop à qui les attribuer. Datant des
environs de 4500 BC, les tombes ont révélé une haute maîtrise
de la métallurgie, et il est probable que l’origine de cette
civilisation sans signe précurseur tire son origine des lieux
envahis par la brusque remontée des eaux de 5500 BC.[20]
Les quatre principaux fleuves se jetant sur les rivages
septentrionaux de la Mer Noire possèdent tous la particularité
de comprendre la série phonologique d-n : il s’agit du Danube,
du Dniestr, du Dniepr et du Don. Ce terme (*dan ?) devait
certainement, à l’origine, désigner tout simplement le fleuve, la
grande rivière. On sait en outre que les noms de rivières
figurent parmi les racines toponymiques les plus résistantes à
travers le temps, et il est fort possible que ces noms existaient
déjà sous une forme approchante à l’époque. Ces peuples
venus des vallées de ces fleuves auraient-ils pu laisser des
traces linguistiques de leur origine dans les contrées où ils
s’installèrent ? Il est tentant de voir là l’origine du peuple
danois (les Danes) et celle des Thuata Dé Danann (le peuple
mythique de la déesse Danu) qui arriva en Irlande en des
temps immémoriaux. Ce ne sont là bien sûr que de pures
spéculations.
Reste le problème de la langue. Ces populations
immigrées ont certainement apporté avec elles leurs propres
idiomes, remplaçant localement les langues locales existantes,

à moins bien sûr qu’elles n’aient décidé d’adopter ces langues
locales. Selon Colin Renfrew, l’arrivée des langues indoeuropéennes
en Europe aurait été contemporaine de celle de
l’agriculture.[21] Il est toutefois possible que cette famille de
langues ait déferlé un peu plus tard sur l’Europe, car on sait
que ces flux originaires du Danube et des régions avoisinantes
se sont répétés au cours du temps. Il est également possible
que les premiers peuples mégalithiques ont apporté avec eux
des langues du type agglutinant dont le basque, de même que
certaines langues du Caucase, constituent aujourd’hui les
ultimes vestiges. Une dernière solution serait que les peuples
mégalithiques ait adopté les langues agglutinantes locales au
détriment de leur langage.
Voici donc pour l’origine possible du peuple mégalithique
(ou d’une partie déterminante de celui-ci) et des causes
probables de son arrivée en Occident. Intéressons-nous à
présent au « pourquoi » des mégalithes.

La finalité des mégalithes
On connaît mal le dessein recherché par les érecteurs de
mégalithes. Compte tenu de la grande diversité des ouvrages,
de leur extension dans l’espace et dans le temps, il est certain
que la finalité de l’érection de ces monuments était variée.
Pour les dolmens, il est établi que c’étaient des sépultures,
sans doute pour les figures importantes de leur société dans la
majorité sinon la totalité des cas.
En revanche, tout ce qui touche aux menhirs, qu’ils soient
placés en cercles, quadrilatères, alignements ou qu’ils soient
isolés, le mystère reste presque entier. De nombreuses
théories astronomiques et religieuses (et souvent
astronomico-religieuses, car ces deux concepts étaient
probablement liés à ces époques reculées) ont été émises. Ce
sont celles qui paraissent les plus probables, et nous
reviendrons sur celles-ci bientôt.
Mais quel a pu être le déclencheur initial de l’érection des
mégalithes ? La réponse ne sera jamais connue avec certitude,
mais une piste intéressante, liée à la montée des eaux des
océans dans la période post-glaciaire, pourrait lever le voile
sur cette énigme. Il est en effet frappant de constater que les
datations des sites mégalithiques les plus anciens que nous
connaissions coïncident justement avec la fin de la remontée
du niveau des mers et des océans de la période post-glaciaire,
soit 5000 BC.
Nous avons vu que les peuples mégalithiques pouvaient
avoir pour origine les régions du Danube à la suite d’un
cataclysme vers 5500 BC. Voyant que la mer continuait à
monter dangereusement en envahissant progressivement les
terres proches de l’océan en Occident, peut-être ces peuples
ont-ils eu l’idée de marquer cette transgression par le seul
matériau capable de résister à la force de la mer, c’est-à-dire
la grosse pierre. Peut-être les mégalithes ont-ils dans un

premier temps servi de bornes pour marquer les marées, la
transgression marine (ou les deux). Ou bien encore, comme les
tombes des anciens chefs se faisaient régulièrement engloutir
par la mer, peut-être ont-ils pensé que l’utilisation de grandes
dalles leur procurerait une sépulture éternelle ? Les eaux
salées de l’océan viendraient peut-être un jour recouvrir leurs
tombes mais la pierre, même sous-marine, demeurerait à
jamais.
Dans le cas où l’hypothèse danubienne serait erronée,
peut-être même cette tradition avait-elle été initiée par les
peuples locaux encore plus tôt, qui sait ? Car nul ne peut dire
s’il n’existe pas des milliers de sites mégalithiques aujourd’hui
sous-marins, engloutis par cette impitoyable remontée du
niveau des océans du globe. On sait que de nombreux sites
mégalithiques ont été découverts sous l’eau, comme dans la
baie de Douarnenez dans le Finistère. De même, le double
cromlech de l’îlot d’Er Lannic dans le Morbihan est au trois
quarts recouvert par la mer aujourd’hui.
Certains auteurs pensent que la multitude de sites
mégalithiques que nous pouvons observer aujourd’hui ne
représente qu’une infime fraction de ce que ce peuple, qui
vivait sur les rivages d’un océan qui a longtemps avancé, a
construit : ce serait la face visible de l’iceberg, ce qui
signifierait que le nombre de mégalithes est encore plus
astronomique qu’on ne le croit. Cette théorie expliquerait en
outre pourquoi le mégalithisme a commencé si fort, très
développé et en pleine possession de ses moyens, voici sept
millénaires : la nécessaire phase de développement qui semble
manquer en Bretagne auarit alors existé mais ses traces
auraient été effacées par la remontée des eaux.
Posons maintenant une question radicalement
différente : les cultures mégalithiques ont-elles influé sur le
développement d’autres civilisations, notamment les
premières grandes civilisations du Proche Orient (Sumer) et

des environs (Egypte, vallée de l’Indus) qui suivirent dans le
temps l’érection des premiers mégalithes qu’on observe,
d’abord sur la façade atlantique, ensuite en Méditerranée ?

Les grandes civilisations de l’Antiquité
influencées par le mégalithisme ?
Le mégalithisme en Europe du Nord et de l’Ouest, malgré
son gigantisme, est souvent resté assez fruste dans ses
réalisations. Il est vrai qu’on trouve tout de même des
structures plus complexes que le simple menhir isolé ou le
banal dolmen, comme les cairns de Barnénez et de Gavrinis en
Bretagne, la colline de Silbury en Angleterre ou le superbe
tertre de Newgrange en Irlande (sur lesquels nous
reviendrons en détail), pour prendre simplement quelques
exemples parmi la richesse des ouvrages mégalithiques
d’Europe. N’oublions pas qu’une grande partie voire la totalité
des structures appelées dolmens fût un jour recouverte d’un
monticule constitué de terre et de pierraille.
Mais dans les contrées méditerranéennes, on peut noter
une évolution vers le plus abouti, le plus raffiné. En Egypte, en
Mésopotamie, dans la vallée de l’Indus et en Grèce, des types
de construction très sophistiquées (pyramides égyptiennes,
ziggurats mésopotamiennes, temples à tholos grecs) voire
incroyablement sophistiquées ou d’une symétrie parfaite
(telles les remarquables pyramides de Gizeh) ont été
construites, de un à trois millénaires après les premières
structures ouest-européennes. Ces magnifiques constructions
n’ont en revanche pas empêché l’érection de dolmens
classiques, que ce soit en Afrique du Nord (il existe un dolmen
et un cercle de menhirs en Haute Egypte dans le désert
d’Edfu) ou au Proche-Orient (plateau du Golan). La question
cardinale est de savoir si c’est la culture mégalithique qui a
engendré ces développements plus raffinés, si elle l’a
seulement aidé, ou si elles se sont créées de façon
indépendante. Compte tenu de ce que nous avons dit
précédemment (revoir fig. 1), la deuxième solution parmi ces
trois éventualités semble la plus raisonnable.

La progression de l’idée mégalithique en Méditerranée,
rencontrant d’autres cultures en mutation, semble avoir
favorisé l’émergence des grandes civilisations de l’Antiquité.
Reste à savoir si les prêtres-astronomes imaginés par Cavalli-
Sforza, et surtout leurs connaissances, ne sont pas qu’une
chimère, et s’ils ont effectivement permis aux peuples
orientaux de connaître les développements soudains et
magnifiques qui font la splendeur des livres d’histoire (même
si ces premières civilisations de l’histoire étaient déjà associées
au vice de la guerre !). En d’autres termes, ces grandes
civilisations ont-elles émergé grâce à l’impact de ces druides,
ces « très savants » sans qui les monuments mégalithiques de
Bretagne armoricaine ou de toute la façade atlantique auraient
été impensables, construisant des millénaires avant les
Egyptiens les premières pyramides à degrés prototypales, tel
l’extraordinaire cairn de Barnénez ? Pour l’heure, ce n’est
qu’une hypothèse de travail. Nous verrons ultérieurement que
d’autres éléments viendront la confirmer magnifiquement.

La Bretagne
C’est donc en Bretagne que le bon sens nous suggère de
commencer notre enquête. La Bretagne, terre de brumes et de
légendes, possède apparemment les plus vieux mégalithes du
monde. Plus anciens que le temple mystique de Stonehenge en
Angleterre, plus anciens que les pyramides d’Egypte, plus
anciens que les palais de Cnossos et de Phaistos en Crète, plus
anciens que les ziggurats de Mésopotamie, plus anciens que la
Tour de Babel, et plus anciens que les pyramides d’Amérique
centrale ou d’Amérique du Sud.
Car c’est en Bretagne que le phénomène mégalithique
s’est initialement manifesté, avant même l’Espagne et le
Portugal semble-t-il. Mille ans avant les premiers mégalithes
attestés mais semblant les précéder, on trouve sur l’îlot de
Téviec, près de la presqu’île de Quiberon dans le Morbihan,
une importante sépulture sous tertre. Le site a été daté au
radiocarbone aux alentours de 6000 BC.[22] Cette date,
antérieure à la création du détroit du Bosphore, semble
infirmer l’hypothèse d’une origine danubienne des peuples
mégalithiques. Cependant, une date isolée ne permet pas
d’invalider une théorie, et les marges d’erreur dans les
datations expliquent peut-être cet apparent paradoxe. Il est
en outre parfaitement possible que ce soient les peuples locaux
qui donnèrent l’idée aux peuples danubiens, techniquement
plus avancés, de créer des sépultures géantes. Les
connaissances supérieures de ces derniers, en revanche, leur
permirent peut-être d’innover et d’utiliser la grosse pierre.
Rappelons que les plus anciens mégalithes du monde sont
datés de 5000 à 4800 BC, soient bel et bien après la
catastrophe de 5500 BC sur les rivages de la Mer Noire.
Le Téviec est un îlot, la précision est importante. Le
tumulus primaire de Barnénez à Plouézoc’h, dans le Finistère,
daté à 4700 BC, se trouve très proche des côtes.[23] C’est

toujours à proximité des côtes que le phénomène s’est
manifesté aux tout premiers souffles du mégalithisme. A
l’issue de la dernière période glaciaire, le tracé des côtes a
grandement changé pour atteindre une relative stabilité vers
5 000 BC. Des variations mineures ont continué à s’opérer
jusqu’à aujourd’hui, remodelant progressivement le rivage
côtier : le cairn de Barnénez, par exemple, est aujourd’hui
situé sur une presqu’île. A l’époque de son érection, cependant,
le cairn était plus reculé dans les terres.
Les plus anciennes architectures mégalithiques sont les
dolmens à couloir, caractérisés par un couloir d’accès étroit et
de faible hauteur, la longueur duquel est tributaire du cairn ou
du tumulus qui le recouvre. Au bout du couloir, on trouve
évidemment la chambre funéraire, à paroi circulaire ou
quadrangulaire selon le cas.[24] Les premiers Bretons ont
manifestement eu l’idée, il y a bien longtemps, d’offrir à leur
morts une sépulture éternelle faite avec de la grosse pierre.
L’usage de ces pierres géantes a ensuite évolué.
Mais le mégalithisme breton et d’ailleurs suscite maintes
interrogations : le premier constat qui s’impose à l’esprit
lorsqu’on contemple un site mégalithique est qu’il semble, par
ses proportions et par la masse des pierres que celles-ci
impliquent, défier l’imagination. Le phénomène mégalithique,
c’est indéniable, constitue un exploit sans précédent, et les
techniques utilisées pour le transport et l’érection des pierres
demeurent bien mystérieuses.

Chapitre 2

L’exploit mégalithique

suite…

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LES VEINES DU DRAGON ou La magie de la Terre


par Tarade Guy

Guy Tarade, (25/04/1930) écrivain, conférencier : fondateur du centre d’Etudes et de Recherches d’Eléments Inconnus de Civilisation,  globe-trotter, a parcouru le monde, des rives du Gange à celles du Nil, et de l’antique Mexique à la Chine légendaire.

 Très attaché à la Tradition et passionné d’hermétisme et de symbolisme, il a prospecté les lieux les plus mystérieux de la planète. Ses enquêtes s’appuyant sur une démarche opérative et spéculative lui ont  permis de découvrir de remarquables archives de pierre. C’est en explorant certains hauts lieux, qu’il a tenté de retrouver les traces d’anciennes et grandes organisations initiatiques, qui ont laissé dans le sillon des siècles l’empreinte de leur grandeur et de leur savoir.

 A l’instar des hommes, l’Histoire infidèle en a oublié beaucoup !

INTRODUCTION
Notre planète est parcourue par un réseau de courants
électriques qui est en quelque sorte son système
nerveux, avec des centres (chakras) et des zones d’influence.
Les Indous désignent sous le nom de fluide
akasique les différents courants qui circulent dans le
sol.
Les Anciens nommèrent ces innervations invisibles :
LES VEINES DU DRAGON.
Les animaux ressentent ces mystérieux effluves et
savent fort bien où ils doivent établir leur tanière,
leur nid ou leur gîte.
Depuis longtemps déjà, les radiesthésistes prouvent
qu’il leur est possible de détecter à la baguette et au
pendule les courants électriques qui sillonnent la terre.
Ces radiations ont une influence marquante sur la
santé et le comportement humain. Certaines zones
sont infiltrées par des ondes nocives, qui altèrent la
santé des êtres qui y vivent. Ces ondes nocives détruisent
l’équilibre vital des animaux et des végétaux, et
engendrent au coeur des minéraux des électrolyses qui
désagrègent les pierres.
En Occident, les druides détenaient une connaissance
parfaite des fluides souterrains et cosmiques et

Les veines du dragon
certains monuments ou sites que nous tenons en héritage
des Celtes ont été édifiés sous la conduite clairvoyante
des sages en robe blanche. L’invasion romaine
favorisa la destruction de ces monuments que nous
pouvons considérer comme des condensateurs de force,
reflétant dans leur architecture un savoir perdu.
Durant deux mille ans, les monuments, les documents
et les traditions celtiques ont été détruits,
séquestrés ou détournés de leur sens originel, si bien
qu’il est devenu difficile de renouer les fils menant à
la vérité historique.
Un fait cependant s’impose à nous, dès que nous
nous lançons sur les traces de la connaissance oubliée :
LES VEINES DU DRAGON ONT ÉTÉ EXPLOITÉES PARTOUT
À LA SURFACE DU GLOBE !
En Europe, en Asie, en Mrique, en Amérique
centrale, des monuments attestent cette vérité.
La science moderne prouve que certains dolmens
ou menhirs n’ont pas été implantés au hasard, mais
sur des points de focalisation d’énergie, que des détecteurs
électroniques révèlent.
Isis, la Terre Mère, commence à livrer ses secrets
et à soulever son voile.
Bien des surprises nous attendent, quand nous seront
connues les conclusions de certaines études « discrètes
» actuellement en cours …

Chapitre premier
LA SCIENCE DU DRAGON
Atterbury, un philosophe du xvme siècle, a écrit :
« La modestie nous apprend à parler avec respect
au sujet des Anciens, surtout quand nous connaissons
mal ou imparfaitement leurs oeuvres et leurs ouvrages.
Newton, qui les savait presque par coeur, avait pour
eux le plus grand respect et il les considérait comme
des hommes d’un profond génie et d’un esprit supérieur
qui avaient porté leurs découvertes plus loin qu’il
nous paraît à présent, par ce qui reste de leurs écrits.
Il y a plus d’ouvrages antiques perdus que conservés
et peut-être nos nouvelles découvertes ne valent-elles
pas nos pertes anciennes. »
Les dommages subis par le patrimoine d’un autre
âge sont irréversibles. C’est ainsi, que jusqu’à ces
dernières années par exemple, menhirs et dolmens ont
été considérés comme des pierres de sacrifice ou des
tombeaux primitifs. Aucun document écrit n’existant
quant à leur origine et leur destination.
On sait pourtant que ces monuments sont intimement
liés à la science païenne de la Terre, qui fut
pratiquée depuis la plus haute Antiquité. Si nous
pouvions la dépouiller de tous les tabous qui la
compliquent, sous sa forme religieuse, nous découvririons

avec surprise la réalité merveilleuse d’une grande
connaissance des énergies naturelles.
Dans la religion grecque, le culte des pierres sacrées
a joué un grand rôle. Les pierres étaient vénérées pour
leur forme, leur couleur ou leur odeur. Certains aérolithes,
comme les Charites d’Orchomène ou le Zeus
Kappôtas de Laconie, étaient considérés comme des
créations d’essence divine.
Dressées dans les plaines ou les montagnes, les
ERGATAI (les Efficaces) étaient de vulgaires blocs de
cailloux mal travaillés, que le peuple considérait
cependant comme magiques. Ces monuments cultuels,
totalement dépourvus d’apparat, constituaient des
canalisateurs de forces telluriques, jouant sur l’homme
et sur la nature. Des EGARTAI aux dolmens et aux
menhirs, il existe une identité de destination. Qu’on
le veuille ou non, ces primitifs lieux de dévotion
avaient le pouvoir de rayonner sur la nature, mais
aussi de rétablir l’équilibre dans les organismes humains
touchés par la maladie.

Une autre civilisation : une autre démarche mentale

Si, pour des raisons encore inconnues, la « Civilisation
des Pierres Dressées », comme on l’appelle quelquefois
de manière romanesque, a laissé ses plus
nombreux vestiges en Bretagne, elle en a disséminé
pratiquement dans le monde entier.
Les monuments mégalithiques appartiennent à un
vaste ensemble, dont on retrouve les traces le long
d’un immense arc de cercle allant du sud de la Suède
jusqu’à la Corse et la Sardaigne, en passant par les
îles Britanniques, la France, l’Espagne et le Portugal.

Certains monuments ont même été érigés le long des
côtes d’Afrique et en Asie !
L’Europe possède une cinquantaine de milliers de
dolmens et de menhirs, qui ont échappé aux outrages
du temps et au vandalisme des hommes.
L’édit du Concile de Nantes de 658 ordonna
d’abattre ces pierres qui étaient l’objet d’adoration
des populations et d’enfouir ces vestiges du démon au
plus profond du sol. Dans les pays christianisés, on
peut admettre que le nombre des mégalithes existant
était le double de celui connu aujourd’hui.
Il ne se passe pas d’année sans qu’un de ces énormes
cailloux soit arraché à la terre.
Jusqu’à ces derniers temps, le monde savant estimait
que l’implantation des dolmens et des menhirs était
due à une sorte de transmission traditionnelle, qui
s’était effectuée par un courant civilisateur venu de
l’Inde, et qui avait gagné le nord de l’Europe en
cheminant le long des côtes de la Méditerranée, avant
de parcourir l’Afrique et la face ouest de notre vieux
continent.
Un archéologue britannique, Colin Renfrew, professeur
à l’université de Southampton, a prouvé, grâce
au carbone 1 4, que les premiers mégalithes étaient
bien antérieurs à tous les monuments de pierre orientaux.
Les Égyptiens et les Babyloniens construisaient
encore leurs temples en utilisant des briques d’argile
ou de terre crue, quand les hommes de la Préhistoire
européenne, fixés à Hoëdic Gravinis et tout le long
du golfe du Morbihan, dressaient leurs fantastiques
aiguilles de pierre.
Selon le Pr Renfrew, les dolmens de l’île Longue
et de Hoëdic datent de quarante siècles avant J.-C.

L’archéologue est formel : avant les Grecs et les
Égyptiens, il y avait « autre chose à l’ouest ».
La rigueur des recherches faites en laboratoire par
ce savant prouve que les mégalithes des îles bretonnes
ont été dressés deux mille ans avant les pyramides,
si l’on admet que, pour ces dernières, les
chiffres établis par les historiens sont justes, ce qui
reste à démontrer …

Science inconnue à Carnac

A maintes reprises, nous avions survolé en avion les
alignements de Carnac ; vus du ciel les mégalithes
impressionnent, mais il faut les découvrir au sol pour
subir l’envoûtement de ces vieilles pierres.
C’est Mme Suzanne Le Rouzic, la petite-fille de
Zacharie Le Rouzic, qui nous guida dans les larges
allées de cet ensemble unique en son genre. On y
distingue trois groupes, comprenant au total trente-quatre
alignements constitués par mille neuf cent
quatre-vingt-onze petits menhirs.
A l’origine, ce site devait s’étendre sur plus de dix
kilomètres et, en le contemplant, on est obligé de
penser à Renan, qui s’exclamait : « ••• ne dirait-on pas
la base d’innombrables piliers de la nef d’une immense
cathédrale disparue, qui n’aurait plus que le ciel pour
toiture ».
Une étude des alignements de Carnac a convaincu
un ancien professeur de science d’Oxford, le
Dr Alexander Thom, que les hommes qui érigèrent
ces monolithes étaient des observateurs expérimentés
de la Lune et du système solaire, capables de se livrer

à des calculs astronomiques compliqués avec une
précision étonnante.
Selon le Dr Thom, il existait une mesure mégalithique,
le « yard mégalithique » (environ 0,829 rn); ce
fait tendrait à prouver l’existence d’une corporation
de « maçons » et d’architectes, spécialement affectée
à la construction de ces temples en plein air. En effet,
l’unité de mesure découverte à Carnac dans les alignements
de pierres levées est exactement la même
que celle qui avait été mise en relief par le Pr Gerald
S. Hawkins, de l’université de Boston, dans ses travaux
sur le site gigantesque de Stonehenge. D’autre part,
le Dr Thom a établi que les cromlechs circulaires sont
en fait elliptiques et ont le triangle de Pythagore pour
base.
Une technique de la manipulation de la pierre a
existé jadis sur toute la planète. Cette connaissance
appartenait à une civilisation très évoluée, disposant
d’énergies que nous ignorons totalement. Le déplacement
des gigantesques monolithes pose de nombreux
problèmes difficiles à résoudre. Quelques monuments
ont été élevés tout près de leur carrière. D’autres, au
contraire, ont dû franchir de longues distances avant
d’atteindre leur point d’érection.
Dans Belle-Ile-en-Mer, on voit deux menhirs : l’un
est en quartz et se nomme Jean de Runello ; l’autre,
qui s’appelle Jeanne de Runello, est en granit. Ce
dernier a été renversé et brisé, il avait à l’origine
8 mètres de haut et pesait environ 25 tonnes. Mais il
n’y a pas de granit dans l’île. Il a donc été arraché à
un gisement du continent. Or la presqu’île de Quiberon
est à 16 kilomètres de distance.
Le tumulus de l’île de Gavrinis (ou Gavr’Innis) est
bien connu des archéologues pour la richesse de ses

pierres sculptées et des mystérieux dessins qu’on peut
y découvrir. Ce tumulus est remarquable, car quelquesuns
des blocs qui le composent sont d’un grain totalement
étranger au sol de l’île. Pour se procurer ces
énormes pierres, il a donc fallu en chercher le gisement
ailleurs, au plus près sur les terrains continentaux de
Baden et d’Arradon. Leur déplacement et leur embarquement
sur des radeaux solides, tout comme leur
traversée sur l’océan, doivent donner à réfléchir. Cette
constatation est également valable pour le menhir de
Derlez-en-Peumerit, dans le Finistère, qui a été élevé
à 3 kilomètres de sa carrière. En passant au peigne
fin les carrières proches de Stonehenge, les géologues
ont conclu que des chambranles de 40 tonnes avaient
dû parcourir 40 kilomètres pour rejoindre le sanctuaire
sacré. C’est en effet à Marlborough que les monolithes
du célèbre ensemble ont été extraits.
Le plus grand menhir du monde, celui de Locmariaquer,
à quelques kilomètres de Carnac, est
aujourd’hui renversé et brisé en trois morceaux. Il
mesurait lors de son érection 21 mètres de hauteur,
4 mètres d’épaisseur à la base, et son poids atteignait
250 000 kilogrammes.
A quelques mètres de ce dernier, se profile une
butte que l’on croirait naturelle, mais qui, en fait, est
artificielle. Il s’agit du tumulus appelé « La Table des
Marchands ». On pense que les tumulus étaient des
tombes, soit individuelles, lorsque l’on enterrait un
chef sur les lieux mêmes du combat où il était tombé,
soit familiales ou dynastiques, devenant alors de véritables
nécropoles aux dimensions imposantes. Cette
hypothèse n’est pas totalement confirmée, car ces
monuments ont très bien pu être utilisés comme sépultures

par des peuples qui n’avaient rien à voir avec
les premiers architectes.
A plusieurs reprises, « La Table des Marchands » a
dû être consolidée par des travaux de maçonnerie pour
éviter l’écroulement de l’ensemble. Certaines faces
des blocs qui la composent sont gravées. Les spécialistes
croient reconnaître des épis de blé dans les
pétroglyphes. Cette interprétation n’est pas du tout
certaine. Tout bon radiesthésiste peut, à l’aide de son
pendule ou de sa baguette de coudrier, ressentir l’important
courant tellurique qui chemine sous le tumulus
et qui devait autrefois irradier le grand menhir.
La pierre géante de Locmariaquer gît sur la lande
bretonne comme le témoin muet d’un savoir perdu.
Dès que notre imagination la replace dans son contexte
primitif, nous voyons apparaître devant nos yeux un
impressionnant obélisque dont le sommet, dans ce plat
pays, était visible à 15 kilomètres à la ronde !
Le Grand Menhir était une antenne rayonnante,
qui diffusait sur les dolmens et les autres menhirs
alentour des énergies subtiles : des micro-ondes.
Lorsque nos physiciens redécouvriront le rôle exact
joué par ces monuments primitifs, leur surprise risque
d’être de taille !

Chapitre II
DE LA MAGIE DES DRUIDES
AUX DÉCOUVERTES
DE .LA SCIENCE MODERNE
L’archéologie traditionnelle, des très orthodoxes
écoles officielles, a toujours déclaré que les menhirs,
dolmens, cromlechs, alignements et cairns étaient des
sites rituels anciens, du néolithique ou de l’âge du
bronze. Certains de ces alignements pouvaient être
des sortes d’horloges astronomiques.
A part ces très respectables théories, quelquefois
controversées suivant les écoles, qui faisaient état de
rites folkloriques, de sacrifices humains, de pierres
tournantes, utilisées à des fins magiques . . . ou cachant
d’anciens puits d’eau, on en arriva doucement à l’hypothèse
du Pr Glyn Daniel, de l’université de Cambridge,
qui révélait que les Anciens pouvaient utiliser,
grâce à ces pierres, une force qu’il dénommait très
pudiquement « ÉNERGIE TERRESTRE ».
Une telle théorie le bannissait de l’archéologie classique,
et le faisait entrer d’office dans le collège fort
bien garni et respectable des archéologues parallèles !
Selon Glyn Daniel, nos lointains ancêtres étaient
beaucoup plus mystiques et proches de la nature que
nous le sommes, et de ce fait, étant beaucoup plus
réceptifs que nous le sommes, étaient capables de
détecter cette énergie subtile.

A l’aide de pierres groupées ou parfois uniques,
qu’ils plaçaient en certains endroits bien précis, ils
pouvaient utiliser celles-ci à des fins que nous ne
soupçonnons pas ou dont 􀗞ous avons perdu le souvenir.
Pendant des siècles, l’Energie Terrestre est restée
un mystère tout autant que son mécanisme complexe.
Pourtant, il existe des CENTRALES DE L’ÂGE DE PIERRE !

Une énergie naturelle inconnue

Le mardi 23 septembre 1 969, l’Auckland Star
publiait une dépêche de l’Agence Reuter, dont voici
le texte :
«Un groupe d’archéologues amateurs propose une
interprétation surprenante d’un des plus anciens et
des plus singuliers mystères de notre monde : l’origine
et la fonction des ensembles mégalithiques, tel celui
de Stonehenge. »
« Le matériel recueilli pendant plus de dix-sept ans
est susceptible de faire revenir sur les idées actuelles
à propos des mystérieux cercles de pierres. »
« Selon l’interprétation proposée, les pierres formeraient
un gigantesque système énergétique. »
« M. John Williams, d’ Abergavenny, dans le Monmoutshire,
pense que tous les monuments de ce type
en Grande-Bretagne pourraient répondre au même
schéma géométrique. »
« M. Williams, qui exerce la charge d’avoué, a
comparé sur les cartes d’état-major les positions de
plus de 3 000 pierres, disposées en cercle ou solitaires.»

« Il a constaté que chaque pierre se trouve par
rapport à ses voisines, et cela jusqu’à 20 miles de

distance, à un angle de 23 o 30′, ou un multiple de cet
angle. ,.
« Au fil des années, il a pris des milliers de photographies
de pierres levées et il estime avoir découvert
une indication importante relative à leur fonction. »
« Un nombre considérable de ces photos étaient
imparfaites, comme  » VOILÉES ». »
« Pendant des années je n’ai pas prêté attention à
ce défaut, que j’attribuais à un mauvais maniement
de l’appareil, dit aujourd’hui M. Williams, mais, en
1959, un ami et moi avons photographié côte à côte
la même pierre, à Brecon. Or, nos deux clichés présentaient
une bande floue au même endroit. Sur ma
photo couleur, elle apparaissait bleu foncé. Cela m’a
amené à présumer que quelque chose émanant de la
pierre impressionnait les pellicules – une sorte . de
radiation ultraviolette. ,.
« Depuis, j’ai eu maints autres exemples de ce
phénomène, poursuit M. Williams. La plupart des
mégalithes, pour ne pas dire tous, renferment du
quartz, un cristal semblable à celui qu’on utilisait
avec la galène dans les premiers postes de radio. Je
pense que la photographie systématique de toutes
les pierres levées révélerait, dans la majeure partie
des cas, ce même effet de flou. J’en conclus qu’elles
forment un gigantesque réseau d’énergie, dont la
destination m’échappe.,.
M. Williams apporte des indications supplémentaires.
Plus de 200 sites mégalithiques sont orientés
N.-S. et portent le nom du roi Arthur. Mais ce nom
ne leur vient pas du roi celte, nous apprend
M. Williams. En gallois, Arthur signifie GRAND OURS,
ce qui laisse supposer que le système reposait sur le
magnétisme polaire. Si l’homme moderne n’a découvert

que récemment les ondes radio et les rayons X,
ils n’en ont pas moins existé, poursuit-il.
Se pourrait-il que l’homme de la Préhistoire ait
découvert quelque chose d’analogue que nous ignorons
encore?

L’ère du Verseau et l’effet cristal

Historiquement et ésotériquement, nous arrivons à
l’ère du Cristal : que ce soit par la généralisation des
semi-conducteurs à cristaux solides, des solutions à
cristaux liquides dont la recherche évolue de jour en
jour, etc.
L’approche du cristal, qui semble être à la base des
forces générées par les pierres levées, comme le croit
Williams, peut se faire de différentes façons.
La propriété la plus connue du cristal et son utilisation
la plus courante, en ce qui concerne le cristal
naturel, sont l’effet dit « piézo-électrique », qui veut
qu’un cristal taillé soumis à un champ de pression
variable engendre un courant électrique dont la variation
reproduit celles des pressions auxquelles elle est
soumise. Cette propriété est mise à profit dans les
têtes de pick-up à bon marché et de nombreux capteurs
de pressions.
Mais c’est sans doute l’effet inverse qui doit nous
intéresser. Il veut qu’un cristal soumis à un champ
électrique se déforme mécaniquement proportionnellement
aux variations de ce champ. Ici entre en jeu
la notion de résonance qui à partir d’une fréquence
centrale diminue avec certains pics de fréquences
d’harmoniques secondaires.
Actuellement, une idée fait son chemin : puisqu’un

cristal est sensible aux champs électriques, pourquoi
ne pas tailler des cristaux à la taille nécessaire pour
qu’ils soient sensibles aux fréquences électriques particulières
qui parcourent notre planète?
Taillé à la bonne dimension et selon certaines lois
mathématiques (que l’on retrouve dans l’amplificateur
géant que constitue la Grande Pyramide de Chéops),
l’effet cristal en question devrait entrer en résonance
avec lui-même et engendrer à son tour des ondes
mesurables ou non mais en tout cas liées à la gravitation,
à la variation du champ magnétique terrestre,
etc. Et aux ondes de forme, énergies dont nous aurons
à reparler plus spécialement.
Si cela était possible, nous aborderions alors une
science qui, si elle est poussée suffisamment loin, _peut
nous conduire à la compréhension profonde de l’Energie
de Gravitation, et même à sa maîtrise. L’ÉNERGIE
TEMPS serait appréhendable, et la maîtrise de cette
énergie permettrait de ralentir ou d’accélérer tous les
processus biologiques et pourquoi pas d’inverser le
sens de leur évolution. Sans compter ses applications
thérapeutiques …
Le domaine ouvert est donc très vaste, mais aussi
très dangereux. Des recherches privées dans ce domaine
ne peuvent se faire sur le plan purement scientifique,
ni même sur le plan initiatique, car il y aura interférences
psychiques entre l’observateur et la matière
manipulée.
En vérité, il s’agit là d’une véritable ALCHIMIE des
vibrations, à laquelle certains chercheurs ont déjà
participé. Cette science est celle du Bien et du Mal,
car elle pourrait très certainement permettre de manipuler
les masses !

Les druides et la maîtrise du temps

II reste encore sur notre vieux sol celte quelques
druides initiés dont le langage est en parfaite harmonie
avec les thèses les plus avancées de la futurologie.
Voici ce que me confia dernièrement un de ces Sages :
« La lumière dite normale émet des vibrations dans
toutes les directions, contrairement à la lumière polarisée
qui ne voyage que linéairement. La pierre peut
avoir deux rôles selon l’usage qui en est fait. La pierre
taillée à l’abri des rayons solaires projette un faisceau
d’ondes qui, dans une idéation métaphysique, fait se
joindre les bords parallèles en un point que nous
nommerons  » OMÉGA « . De ce point focalisé, repartira,
à l’échelle microcosmique, une onde de lumière à
ondes circulaires. Cette dernière onde surgira alors du
FUTUR, c’est-à-dire, en ce qui nous concerne plus
précisément, d’un atome du Soleil, lequel projettera
l’intention du préparateur à la date calculée par celuici.
Cette opération de haute magie programme l’univers,
qui n’est qu’un instrument entre les mains de
ceux qui, peut-être sans argent et sans « pouvoir  »
détiennent ce qu’il est convenu d’appeler la PUISSANCE.»

Je ne saurais mieux schématiser le mouvement de
cette opération qu’en dessinant sur l’échelle métaphysique
ce mouvement d’ondes, et ce dessin fait songer
à une ogivé gothique ornée de sa rosace.
Ce procédé fut combattu, et je le conçois fort bien,
par une partie des initiés (Concile de Nantes) et par
des anges réincarnés (archanges), car durant une
période, certains étaient partisans de redonner au
cours même du cycle une nouvelle chance aux âmes
exclues d’elles-mêmes du monde de la lumière, celui

de la relativité. Or cette opération présente un « sacrifice »
à la cause des âmes errantes en quête de réincarnation,
car elles payent un tribu à « l’eau mère »
qui se recharge de sa substance immanifestée, non
incluse dans le substratum luminique.
Pour compenser cette perte d’équilibre et reverser
dans le circuit cette « eau mère » qui est du « Temps
Passé » sorti de sa prison de lumière, il fallait ordonner
l’élévation de pierres monolithiques amenant sur Terre
le retour du substratum sous forme d’eau, qu’elle soit
de pluie ou de suintement.
Un menhir émet des ondes magnétiques qui, pour
infimes qu’elles soient, se croisent avec les ondes

telluriques, provoquant des abondances de pluie, qui
ne sont pas toutes d’origine purement météorologique.
Dans certains cas, pour accélérer et localiser ce
phénomène de transmutation non radioactive, une
pierre plate était posée sur deux socles écartés et, de
cette pierre couchée, partait une nouvelle onde magnétique
qui, se croisant sur des ossements alors enterrés
sous le monument, faisait suinter lentement de ces
corps calcaires, à la texture capillaire, de l’eau comme
d’une fontaine.
Nous devons nous souvenir à ce propos que l’eau,

dans une texture capillaire, n’est plus soumise à l’effet
de gravitation, du fait de l’adhésion entre les molécules
d’eau et celles du tube. La capillarité est la seule
force qui s’oppose naturellement à la gravitation.

Les confidences d’un initié

Notre ami le druide poursuivit :
« Tout ce que nous venons d’énoncer implique qu’il
y aurait eu quelques différends parmi les anges pour
opter sur la politique à suivre avec les hommes. Ceux-ci
ont d’ailleurs dû être condamnés voici quelques
millénaires, mais ont bénéficié d’un sursis, car le règne
végétal et minéral devait avoir sa période de sublimation,
avant la fin des temps. Les hommes furent
génétiquement mutés. La durée de leur vie fut abrégée
et ils eurent ce physique qui ne choque pas notre oeil,
tant nous y sommes habitués, ce physique d’embryon! »

Inconscient, l’homme se fit l’esclave de la plante
qu’il soigna, transplanta, améliora, tout en devinant
parfois que celle-ci détenait la potentialité d’un monde
sans temps, ce que lui révéla par exemple l’absorption
de champignons hallucinogènes.
Le minéral, lui, est un Moloch qui se nourrit des
corps éthériques de ses victimes. Jadis, on lui sacrifiait
par le feu de jeunes innocents. De nos jours, les
hommes lui ont édifié un fantastique autel, sous la
forme de millions de kilomètres d’asphalte, sur lequel
se déversent chaque année des centaines de milliers
de litres de sang. Le monstre est insatiable.
L’invention de l’automobile a obligé les savants à
exploiter de plus en plus les gisements pétrolifères.

La planète vidée de ses ressources naturelles s’épuise,
et de béantes cavernes s’ouvrent en son sein, supprimant
les bains d’huile des mécaniques telluriques. Les
secousses du Géon sont de moins en moins matelassées.
Les tremblements de terre seront de plus en plus
meurtriers. Moloch, exploitant la folie déambulatoire
de l’homme, lui a fait oublier que les initiés avaient
interdit l’usage de la roue …

suite…

LES VEINES DU DRAGON ou La magie de la Terre